La lenteur avec laquelle Téhéran a admis son implication dans la mort des 176 passagers du vol d'Ukraine Airlines a exacerbé la colère de la population à l'égard du régime, qui s'était déjà exprimée lors des manifestations de novembre, et pourrait donner lieu à une crise de légitimité.
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Un rassemblement d'étudiants dans la capitale s'est transformé en manifestation de colère. Les milliers de personnes rassemblées ont scandé "Mort au tyran !", fustigeant l'attitude de l'ayatollah Khamenei, guide suprême de la Révolution. Des manifestations ont également eu lieu dimanche.
"Excusez-vous et démissionnez", a de son côté recommandé dimanche le quotidien Etemad, s'adressant aux caciques du régime. Les critiques contre le pouvoir se multiplient aussi sur les réseaux sociaux.
"Le monde regarde", tweete Trump
Les manifestants ont en outre reçu un soutien de poids en la personne de Donald Trump. Le président américain s'est exprimé en farsi et en anglais via Twitter, avertissant que le régime iranien qu'il ne pouvait pas y avoir un autre massacre de manifestants pacifiques, ni d'autre coupure d'internet. "Le monde regarde", a écrit le dirigeant.
"Au brave peuple iranien, qui souffre depuis longtemps: je suis à vos côtés depuis le début de ma présidence, et mon administration continuera à être à vos côtés", a tweeté Donald Trump. "Nous suivons de près vos manifestations, et votre courage nous inspire", a-t-il ajouté.
Une nouvelle ampleur pour la contestation?
Depuis la Révolution islamique de 1979, les dirigeants iraniens ont écarté les obstacles à leur mainmise sur le pouvoir, mais la défiance exprimée en novembre, d'abord en réaction à la hausse du prix de l'essence, pourrait prendre une nouvelle ampleur.
"Il y aura un revers à court terme pour la crédibilité du régime et cela va accentuer la pression due aux problèmes économiques et politiques que le régime avait avant sa dernière confrontation avec les Etats-Unis", estime Daniel Byman, spécialiste du Moyen-Orient.
L'ayatollah Khamenei, 80 ans, qui a toujours présenté la forte participation électorale comme un gage de légitimité, pourrait désormais constater que les Iraniens ne sont plus aussi enclins à afficher leur soutien.
boi avec agences
L'ambassadeur britannique brièvement arrêté
L'ambassadeur de Grand-Bretagne en Iran, Rob Macaire, dont Londres a dénoncé samedi l'interpellation à Téhéran, a nié dimanche avoir pris part à la moindre manifestation contre les autorités comme l'ont rapporté certains médias iraniens.
"Je peux confirmer que je n'ai pris part à aucune manifestation", a écrit Rob Macaire sur Twitter. "Je suis allé à un événement annoncé comme une veillée pour les victimes de la tragédie (du vol) #PS752" d'Ukraine International Airlines, abattu mercredi près de Téhéran par un missile iranien, ajoute-t-il.
Dans la foulée, le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a critiqué Téhéran après cette brève interpellation et a appelé à la "désescalade".