"Le gouvernement chinois mène une intense offensive contre le système international de protection des droits humains", "la plus intense qu'on ait vue depuis l'émergence de ce système au milieu du XXe siècle", a déclaré depuis New York Kenneth Roth, directeur exécutif de l'ONG en présentant son rapport annuel, qui couvre une centaine de pays.
Le premier secrétaire de la délégation chinoise à l'ONU, Xing Jisheng, qui assistait à la présentation, a balayé ces critiques, jugeant le rapport "plein de préjugés et d'inventions".
En Chine, le Parti communiste a bâti "un Etat policier orwellien high-tech et un système sophistiqué de censure de l'internet pour surveiller et supprimer les critiques publiques", écrit Kenneth Roth dans ce document de 650 pages. Le texte dénonce notamment "le système cauchemardesque" de répression instauré contre les musulmans du Xinjiang. A l'étranger, le gouvernement chinois "utilise son influence économique croissante pour museler les critiques", selon l'organisation.
Interdit d'entrer à Hong Kong
"Si d'autres gouvernements commettent des entorses graves aux droits de l'Homme, aucun autre gouvernement ne montre les muscles avec autant de vigueur et de détermination pour saper les normes internationales des droits humains et les institutions qui pourraient les soutenir", dit-elle.
Kenneth Roth avait espéré présenter ce rapport cinglant depuis Hong Kong. Mais "pour la première fois", a-t-il souligné mardi, il a été interdit d'entrée dans l'ex-colonie britannique, au prétexte que l'ONG y encourage le mouvement pro-démocratie qui l'agite depuis sept mois.
"Le gouvernement chinois est terrifié d'admettre qu'il y a un désir authentique de démocratie sur un territoire qu'il gouverne, car s'ils admettaient que c'est un désir spontané plutôt qu'une idée imposée de l'étranger, alors ce qui se passe à Hong Kong pourrait s'étendre" à toute la Chine, selon Kenneth Roth.
UE épinglée
Human Rights Watch dénonce l'inaction, voire la complicité d'autres pays face à cette "menace existentielle" que fait peser Pékin sur les droits humains, selon elle. "Plusieurs gouvernements sur lesquels on pouvait compter pour que leur politique étrangère défende les droits humains au moins une partie du temps ont largement abandonné cette cause."
"Certains dirigeants comme le président américain Donald Trump, le Premier ministre indien Narendra Modi et le président brésilien Jair Bolsonaro brident le même ensemble de lois protégeant les droits humains que la Chine, galvanisant leur public en combattant les 'mondialistes' qui osent suggérer que tous les gouvernements devraient respecter les mêmes normes."
L'Union européenne, "occupée par le Brexit, handicapée par des Etats membres nationalistes et divisée sur les migrants" en prend aussi pour son grade, ne défendant plus les droits humains comme avant. HRW reproche notamment au président français Emmanuel Macron de "ne pas avoir mentionné publiquement les droits humains" lors de sa visite en Chine en novembre.
ats/gma