Inculpé en juillet 2019 d'agressions sexuelles par le procureur fédéral de Manhattan, le sexagénaire s'est pendu dans sa cellule le 10 août, à New York. Le recours déposé par la procureure des Iles Vierges, Denise George, est un prolongement des poursuites engagées au pénal contre le financier, qui ont été abandonnées après son décès.
Le millionnaire possédait, en effet, deux îles privées dans l'archipel des Iles Vierges, Little St. James et Great St. James. Les Iles Vierges sont un territoire américain mais ne font pas officiellement partie des Etats-Unis.
Cette nouvelle action en justice constitue un développement important car le gestionnaire de fortune n'avait jusqu'ici jamais été inculpé pour des faits postérieurs à 2005. Le recours, déposé mercredi, couvre une période allant de 2001 à 2019.
"Réseau de traite d'êtres humains"
Lors d'une conférence de presse mercredi, Denise George a indiqué avoir ordonné une enquête sur Jeffrey Epstein peu après sa prise de fonctions, en mai 2019. D'après la procureure, l'enquête a montré que le financier avait organisé un "vaste réseau de traite d'êtres humains, et d'abus sexuels de jeunes femmes et de mineures ici, aux Iles Vierges".
Les plus jeunes victimes présumées seraient âgées de 12 ans, a précisé la procureure. Pour cacher ces activités, Jeffrey Epstein aurait utilisé un montage complexe impliquant une série de sociétés et de fondations, toujours selon Denise George.
Le document déposé mercredi affirme, plans de vol à l'appui, que jusqu'en 2019, Jeffrey Epstein et ses complices auraient fait acheminer aux Iles Vierges des jeunes femmes et des mineures par avion. Ils auraient fait miroiter aux victimes présumées, pour l'essentiel âgées de 12 à 17 ans, des opportunités de carrière, notamment dans le mannequinat, sans le moindre fondement.
Quelles complicités?
Plusieurs jeunes femmes, dont une âgée de 15 ans, auraient tenté de s'échapper à la nage de l'île de Little St. James, où elles séjournaient, avant d'être reprises et séquestrées par l'équipe de Jeffrey Epstein. La procureure demande la saisie de tous les biens ayant pu servir, dans son "entreprise criminelle", à cet homme dont la fortune personnelle, aux origines mystérieuses, atteindrait plus de 500 millions de dollars.
Plusieurs actions en justice ont déjà été entamées au civil, principalement par des victimes présumées de Jeffrey Epstein, qui réclament des dommages-intérêts. Parallèlement, plusieurs enquêtes sont en cours pour tenter d'établir d'éventuelles complicités.
La justice américaine s'intéresse notamment à l'ancienne compagne de Jeffrey Epstein, Ghislaine Maxwell, accusée par plusieurs victimes présumées d'avoir joué un rôle déterminant dans l'organisation du réseau présumé d'exploitation de mineures.
ats/pym