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En Iran, l'ayatollah Khamenei traite Paris, Londres et Berlin de "lâches"

L'ayatollah Khamenei appelle à la défiance envers les Etats-Unis devant des milliers de fidèles à Téhéran
L'ayatollah Khamenei appelle à la défiance envers les Etats-Unis devant des milliers de fidèles à Téhéran / Forum / 4 min. / le 17 janvier 2020
Le guide suprême iranien Ali Khamenei a dénoncé vendredi la "lâcheté" des gouvernements britannique, français et allemand face aux Etats-Unis sur le dossier du nucléaire iranien. Peu avant, le président iranien a affirmé vouloir "éviter la guerre" entre Téhéran et Washington.

Selon la ministre allemande de la Défense Annegret Kramp-Karrenbauer, les Etats-Unis ont menacé d'imposer des droits de douane sur les automobiles européennes pour pousser les Européens à déclencher le mécanisme de règlement des différends (MRD) prévu par l'accord international sur le nucléaire iranien conclu à Vienne en 2015.

Ce pacte, passé entre la République islamique et le groupe 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne), menace de voler en éclats depuis que le président américain Donald Trump l'a dénoncé unilatéralement en 2018, avant de rétablir de lourdes sanctions économiques contre Téhéran.

"Eclipser la mort de Soleimani"

En riposte, Téhéran s'est affranchi depuis mai de points clef de ce texte limitant drastiquement ses activités nucléaires. Les trois Etats européens (France, Allemagne, Grande-Bretagne) parties à l'accord de Vienne ont annoncé mardi avoir déclenché le MRD pour tenter de contraindre Téhéran à revenir à l'application totale de ce texte.

Dans un sermon prononcé lors de la grande prière hebdomadaire musulmane qu'il a dirigée vendredi à Téhéran, l'ayatollah Khamenei a accusé les gouvernements de l'Allemagne, de la France et de la Grande-Bretagne de vouloir "éclipser" la mort du puissant général iranien Qassem Soleimani, tué à Bagdad le 3 janvier par un tir de drone américain, de même que les représailles de l'Iran, qui a envoyé des missiles sur deux bases abritant des Américains en Iran le 8 janvier, blessant 11 soldats américains.

"Ces trois pays sont ceux qui ont aidé Saddam Hussein du plus qu'ils le pouvaient pendant la guerre imposée", a ajouté l'ayatollah, en référence à la guerre Iran-Irak (1980-1988).

"Les mêmes gentlemen"

"Il est prouvé maintenant (...) qu'ils sont au vrai sens du terme les valets de l'Amérique, et ces gouvernement lâches attendent que l'Iran se soumette", a-t-il encore dit.  "Même quand ils négocient, leurs paroles sont ternies par le sceau de la tromperie (...) ces gens assis à la table des négociations, ces gentlemen (en anglais dans le texte, NDLR), sont (les mêmes) que les terroristes (ayant assassiné Soleimani) à l'aéroport de Bagdad, ils ont juste changé de costume (...) on ne peut pas leur faire confiance", a asséné Ali Khamenei.

Quelques heures plus tôt, la tonalité était tout autre. Le président Hassan Rohani a affirmé vouloir éviter la guerre après que Téhéran et Washington ont paru à deux doigts de l'affrontement militaire direct début janvier, pour la deuxième fois en moins d'un an.

A l'approche des législatives du 21 février, annoncées comme difficiles pour son camp modéré, et dans un contexte de tensions croissantes entre Téhéran et les Occidentaux sur le programme nucléaire iranien, le président iranien a déclaré également vouloir continuer de dialoguer avec le monde sur cette question. "Le gouvernement travaille quotidiennement à empêcher un affrontement militaire ou la guerre", a-t-il dit dans un discours à la banque centrale.

"Compensation militaire"

Le 8 janvier, Téhéran a attaqué des cibles militaires américaines en Irak en représailles à l'élimination du général iranien Qassem Soleimani cinq jours plus tôt à Bagdad.

Selon Hassan Rohani, avec ces frappes ayant fait d'importants dégâts matériels mais aucune victime selon les Etats-Unis, l'Iran a obtenu "la compensation militaire" voulue pour la mort de Soleimani, l'architecte de sa stratégie régionale.

La tension entre les deux ennemis semble être retombée à la suite du drame du Boeing de Ukraine International Airlines, que l'Iran a abattu par erreur quelques heures après ces tirs de missiles, alors que la défense du pays était en alerte "guerre" par crainte d'une riposte américaine.

La tragédie a fait 176 morts, majoritairement Iraniens et Canadiens. Téhéran a présenté des excuses mais affirmé que le drame résultait de l'"aventurisme américain".

afp/pym/kkub

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L'Iran prêt à remettre les boîtes noires du Boeing à l'Ukraine

L'Iran est prêt à transférer à Kiev les boîtes noires de l'avion de ligne ukrainien abattu le 8 janvier à son décollage de Téhéran, a déclaré vendredi le chef de la diplomatie ukrainienne.

L'Ukraine avait indiqué mercredi avoir officiellement demandé à l'Iran de lui remettre les boîtes noires de l'avion d'Ukraine International Airlines.

Le Premier ministre canadien Justin Trudeau, de son côté, a a exhorté vendredi l'Iran à envoyer en France ces fameuses boîtes noires de l'avion, jugeant que la France était l'un des rares pays capables d'analyser ces enregistreurs de données et de conversations, qui, selon lui, sont fortement endommagés.