L'ancien dessinateur industriel, qui aura 66 ans au cours de ce
procès prévu pour deux mois, doit répondre devant une cour
d'assises de sept meurtres de jeunes femmes ou adolescentes -dont
deux avec préméditation- et autant de viols ou tentatives, commis
entre 1987 et 2003 des deux côtés de la frontière franco-belge.
Lui et son épouse de 59 ans, accusée d'un des meurtres et de
complicité dans au moins quatre autres crimes, encourent la
réclusion à perpétuité. La justice française vient en outre
d'inculper Michel Fourniret et Monique Olivier dans deux autres
affaires, concernant une Britannique de 20 ans et une handicapée
française de 19 ans.
Pacte criminel
Des lettres saisies par les enquêteurs après leur interpellation
dans le sud de la Belgique en 2003 ont révélé que le couple avait
conclu "une sorte de pacte" criminel dès 1987, alors que Michel
Fourniret était en prison et correspondait par écrit avec sa future
épouse rencontrée via une petite annonce. Il purgeait 7 ans de
prison pour quinze agressions sexuelles commises sur des jeunes
filles entre 1977 et 1984
A sa sortie de prison, il s'engage à tuer le premier mari de
Monique Olivier, un homme "violent" et jaloux" selon elle, à
condition qu'elle accepte son obsession d'avoir des relations
sexuelles avec des jeunes filles vierges, et l'aide à
"chasser".
Le second volet du "pacte" débouchera, selon ce qui a été retenu
par l'accusation pour ce procès, sur sept homicides: ceux
d'Isabelle Laville en 1987, Fabienne Leroy en 1988, Jeanne-Marie
Desramault et Elisabeth Brichet -enlevée en Belgique- en 1989,
Natacha Danais en 1990, ainsi que les assassinats de Céline Saison
en 2000 et Mananya Thumpong en 2001.
Au total, à partir des interrogatoires de juin 2004 quand elle se
décide à rompre le silence, Monique Olivier attribue onze meurtres
à son mari qui de son côté en reconnaît huit (dont les sept jugés
au procès).
afp/hoj
Un rapt manqué met fin au massacre
L'odyssée criminelle s'est terminée en juin 2003 avec le rapt manqué, près de Namur en Belgique, d'Asumpcion, une adolescente d'origine congolaise qui s'enfuit à un stop et reconnaît ensuite la camionnette à l'arrière de laquelle elle était ligotée.
A l'adolescente, il aurait eu le temps de dire "je suis pire que Dutroux", alors que le souvenir des crimes de ce pédophile hante encore toute la Belgique.
Aujourd'hui âgée de 17 ans, elle demandera à témoigner à huis clos. Sur les bancs des parties civiles elle côtoiera une trentaine de proches de victimes et deux autres survivantes ayant subi des tentatives de viol ou de séquestration.
Mode opératoire
Le mode opératoire décrit par Monique Olivier est presque chaque fois le même.
Michel Fourniret repère une jeune fille qu'il aborde en voiture, prétexte une recherche d'itinéraire pour la faire monter à bord puis poursuit sa route vers un lieu isolé.
Pour les faits de 1987-90, avant que le couple ne s'installe en Belgique, l'accusation impute à Monique Olivier un rôle non négligeable : plusieurs fois sa présence dans la voiture aurait permis que la confiance s'installe avec la future victime.
Elle aurait ensuite assisté son mari, faisant le guet, allant une fois jusqu'à l'aider à étouffer celle qui se débattait trop.