Restrictions de circulation au coeur de l'épidémie, alerte maximale à Hong Kong, contrôles systématiques dans les transports du nord au sud du pays : la Chine multiplie les initiatives pour tenter d'enrayer la progression du virus désormais présent sur quatre continents.
L'épidémie se répand rapidement dans son pays d'origine, avec 1300 cas de contamination dont 41 mortels recensés samedi, contre 830 dont 26 mortels annoncés la veille. La Chine est ainsi entrée dans l'année du Rat sous le signe du coronavirus parti en décembre de Wuhan, une ville du centre de facto mise en quarantaine.
Le président chinois Xi Jinping a averti samedi que la Chine faisait face à une situation "grave" car l'épidémie de pneumonie virale "s'accélère", malgré le renforcement des mesures prises pour tenter d'enrayer sa propagation.
Armée et nouveaux hôpitaux
L'armée a envoyé dans la zone interdite trois avions d'où ont débarqué vendredi soir 450 médecins militaires et autres membres du personnel médical. Certains d'entre eux ont l'expérience de la lutte contre Ebola et le Sras, une souche similaire au nouveau coronavirus, qui avait entraîné la mort de 650 personnes en Chine continentale et à Hong Kong entre 2002 et 2003.
Les hôpitaux étant débordés, la construction ultra-rapide d'un deuxième site devant accueillir plus de mille lits a commencé à Wuhan. Un deuxième hôpital va être spécialement construit "d'ici deux semaines", a rapporté samedi le Quotidien du peuple.
Le nouvel hôpital aura une capacité de 1300 lits, qui s'ajouteront aux 1000 lits prévus dans un premier hôpital pour les patients atteints du virus dont la construction dans un délai de 10 jours avait été annoncée vendredi, précise le journal d'Etat.
Au moment de l'épidémie de Sras au début des années 2000, la Chine avait été montrée du doigt, y compris par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), pour avoir caché les premiers cas, ce qui n'avait fait qu'aggraver la crise. Pour l'instant l'OMS a renoncé à décréter une "urgence internationale".
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56 millions de personnes confinées
Pas de pétards, ni de danses du dragon. Pour le jour de l'An, les rues de Wuhan sont comme mortes, les rares passants se couvrant le visage avec un masque de protection dont le port est obligatoire, comme l'a constaté une équipe de l'AFP. Les trains et les avions n'ont en principe plus le droit de quitter Wuhan depuis jeudi.
Outre cette agglomération, pratiquement toute la province du Hubei est coupée du monde, portant le nombre total des habitants confinés à plus de 56 millions, soit presque la population de l'Afrique du Sud.
A Pékin également, les festivités du Nouvel An étaient annulées. La capitale semblait déserte et ses restaurants étaient pratiquement vides.De nombreux sites touristiques très courus, comme la Cité interdite, et des sections de la Grande muraille, ont été fermés afin de réduire les risques de contagion.
Par ailleurs, à compter de lundi, les agences de voyages chinoises ne pourront plus vendre de réservations d'hôtels ni de séjours à des groupes, a annoncé la chaîne de télévision CCTV.
afp/cab
Cas en France, en Australie et aux Etats-Unis
La France a annoncé vendredi soir trois cas de contamination confirmés, présentés comme les premiers en Europe. L'Australie a de son côté fait état samedi de quatre malades, des personnes récemment rentrées de Chine. Une demi-douzaine de pays d'Asie sont désormais touchés.
Un deuxième cas a été confirmé aux Etats-Unis, où le président Donald Trump a loué les mesures prises par Pékin pour tenter de limiter la propagation du virus.
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