"Oswiecim, c'est notre ville. Auschwitz, c'est le camp". Tout tient dans cette nuance, sur laquelle insiste Michal Domzal. Cet enfant du pays, aujourd'hui âgé de 29 ans, travaille comme guide sur ce site tristement célèbre du sud de la Pologne.
Entre sa construction en 1940 et sa libération, le 27 janvier 1945, plus de 1,1 million de personnes ont trouvé la mort dans le camp nazi d'Auschwitz. Un lourd héritage pour cette ville de 40'000 habitants.
Ici, ces derniers tiennent à rappeler que ceux qui habitaient ici durant la guerre ont été déplacés par les occupants allemands vers d'autres villages. Ils précisent aussi que de nombreux Polonais ont agi en héros en aidant la communauté juive.
Une ville comme les autres
"Ma grand-mère dit avoir vu des prisonniers tenter de s'enfuir et être exécutés. Elle dit que quand elle était enfant, elle ne savait pas pour les chambres à gaz", témoigne Michal Domzal. A la fin de la guerre, ses grands-parents ont choisi de revenir s'installer à Oswiecim. "C'était chez eux. Ils voulaient reconstruire leur vie", explique-t-il.
Car bon gré, mal gré, Auschwitz fait partie de la vie locale. "J'ai étudié à l'université qui est située dans un bâtiment appartenant aux anciens camps allemands et, pour m'y rendre, je devais traverser le camp tous les jours", se souvient Barbara. Pour cette jeune femme et ses amies, attablées dans un bar de la ville, vivre ici "n'a rien d'un fardeau".
"Nous sommes probablement plus conscients de ce sujet et de son histoire parce que c'est la spécificité de la ville", commente un autre client. Ingénieur dans la construction, ce trentenaire - lui aussi prénommé Michal - souligne également les nombreux atouts d'Oswiecim, une ville calme où il y a, selon lui, beaucoup de choses à faire. Sans oublier, pour autant.
Un reportage de Stephen Mossaz (en Pologne)
Adaptation web et vidéo: Juliette Galeazzi