Les premiers étrangers ont pu quitter la ville chinoise de Wuhan mercredi. Deux avions, américains et japonais, ont décollé du foyer de l’épidémie au centre de la Chine avec chacun à leur bord plus de 200 de leurs ressortissants. Paris et Berlin devraient à leur tour affréter deux appareils militaires ces prochains jours pour évacuer une partie des Français et des Allemands pris au piège. Mais ces opérations sont compliquées par les autorités chinoises, a appris la RTS de sources diplomatiques européennes.
La Chine craint un dégât d'image
Les Etats-Unis, le Japon, la France et l’Allemagne, qui comptent des centaines d’expatriés à Wuhan, ont dû négocier ferme avec les autorités chinoises pour valider le départ de leurs citoyens. Dans un premier temps, elles y étaient même opposées. Lors d'une réunion avec les chefs des délégations de pays européens, lundi, pour discuter de cette option, Pékin a semble-t-il martelé que de telles opérations de rapatriement n’étaient pas nécessaires. "La Chine est parfaitement capable de gérer la crise sanitaire", selon son message.
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Si le gouvernement central voit d’un très mauvais œil ces départs, c'est parce qu'il les considère comme un signal négatif envoyé à l’extérieur, comme un dégât d’image pour des autorités qui veulent absolument démontrer leur efficacité dans le combat contre le virus. Elles ont finalement cédé et se sont engagées à collaborer avec les Etats déterminés à rapatrier les leurs. Cependant, toujours selon les sources de la RTS, les opérations sont compliquées par "des obstructions" sur le terrain.
Vols français et allemands reportés
On trouve en tête de file des blocages des problèmes logistiques. Organiser le transport de la ville de Wuhan vers son aéroport serait compliqué, car il n'y a pas de bus et peu de chauffeurs. Quant aux avions, ils doivent visiblement obtenir une autorisation spéciale pour se poser dans la zone de confinement. La France et l’Allemagne peineraient depuis des jours à les obtenir, raison pour laquelle leurs opérations de rapatriement respectives ont déjà été reportées.
Le ministère français des armées a finalement confirmé mercredi soir le départ d’un appareil de l’armée française à l’aube jeudi, sans confirmation officielle du Quai d’Orsay, en charge des négociations avec Pékin. Les Allemands, pour leur part, attendent encore. Si tout va bien, un avion de la Luftwaffe devrait se poser en Chine vendredi, mais ces vols restent à confirmer dans les prochaines heures.
OMS critiquée
De son côté, le directeur de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus, arrivé en Chine en début de semaine, a déclaré à l’agence de presse officielle chinoise Xinhua que le rapatriement des étrangers présents dans la zone confinée n’était pas nécessaire et souligné sa pleine confiance en la capacité de la Chine à lutter contre le virus. Sa déclaration a surpris certains diplomates européens. Depuis quelques jours, des voix s’élèvent en effet pour critiquer la gestion de la crise par l’organisation. Des critiques pointent pointent du doigt sa bienveillance envers la Chine, par exemple en décidant de ne pas décréter l’état d’urgence internationale.
Une enquête du quotidien Le Monde publiée mercredi révèle d'ailleurs les pressions exercées par Pékin dans cette affaire, la Chine voulant absolument prouver qu'elle peut résoudre seule la crise. Une grande Chine, puissante, indépendante, autonome, au-dessus de la mêlée: le grand rêve chinois de Xi Jinping, en quelque sorte.
Ci-dessus: le Boeing 747 cargo qui a servi au rapatriement des Américains a été spécialement aménagé pour isoler les passagers de l'équipage, chacun bénéficiant de son propre système de circulation d'air.
Sujet radio: Michael Peuker
Adaptation web: Vincent Cherpillod
Nombre inconnu de Suisses coincés en Chine
Contacté mercredi par RTSinfo, le Département fédéral des affaires étrangères n'a pas précisé le nombre exact de citoyens suisses bloqués à Wuhan, foyer du coronavirus, ou dans la province du Hubei.
La SRF, de son côté, a contacté une Suissesse confinée dans la zone. Elle aurait alerté l’ambassade, qui lui aurait répondu qu’il n’y a aucun moyen de rapatrier les citoyens helvétiques à l’heure actuelle. Berne dit en revanche être en discussion avec d’autres Etats qui tentent de rapatrier leurs ressortissants. Il s’agit, a priori, de la France et de l’Allemagne.
ani