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Le dernier cri des opposants au Brexit à la veille de la sortie de l'UE

Les anti-Brexit rassemblés autour de Steve Bray rêvent déjà à un retour dans l'Union européenne.
Les anti-Brexit célèbrent l'Europe / L'actu en vidéo / 2 min. / le 30 janvier 2020
Leur mobilisation n’aura pas suffi: le Royaume-Uni quittera l’Union européenne vendredi soir. Mais jeudi, une poignée d'irréductibles "remainers" a tenu à se faire entendre devant Westminster à Londres.

Rendez-vous était donné à 10h devant Westminster. L’opération visait à célébrer l’Europe et à rappeler que la résistance au Brexit n’avait pas disparu.

"Ce qui compte, ce n’est pas combien nous sommes, mais combien de personnes nous représentons", explique Steve Bray. L’homme a l’air fatigué. Il enchaîne les interviews après avoir passé plus de deux ans à crier "Stop Brexit" sous les fenêtres du parlement britannique.

Chorizo, olives et grissini

Figure emblématique du mouvement "Remain", composé de l’autre moitié, ces 48% de Britanniques opposés au Brexit, Steve Bray porte du gris depuis l’adoption de l’accord pour une sortie de l’Union européenne par Westminster. Ce jeudi cependant, il a retrouvé des couleurs. "Nous sommes ici pour célébrer ce que l’Europe a fait pour nous", insiste-t-il. Un jour de fête au goût amer. "Intérieurement, je suis dévasté", confie le Gallois.

Derrière lui, une table regroupe des produits européens: olives, chorizo, grissini... Ça ressemble un peu à une vente de gâteaux pour un voyage de fin d’année, ne serait-ce les policiers, des "bobbies" impassibles, qui surveillent le ballet des manifestants et des nombreux médias venus saisir l’instant. "Pourquoi ils manifestent encore? C'est plié", demande quelqu'un. "Je ne sais pas répond un policier dans un haussement d'épaule.

Porte-voix pro-européens

Non loin de là, Alice explique qu'elle a pris congé pour venir. "Je me réjouis de voir comment Boris (Johnson) va tenir ses promesses", précise cette fonctionnaire de 42 ans. Pour elle, être là est indispensable pour rappeler que l’opposition existe. Et, souligne-t-elle, "on sera là aussi pour demander à revenir dans l’UE quand la situation sera devenue trop catastrophique". "Vous savez, paradoxalement, le Royaume-Uni compte le plus important mouvement pro-européen d’Europe", confie Tessa, une retraitée de 64 ans.

Avec le Brexit, nous avons tous perdu

Steve Bray, ou "Mister Stop Brexit"

En décembre, les électeurs britanniques ont pourtant plébiscité leur Premier ministre, Boris Johnson, qui avait fait campagne sous le slogan "Get Brexit done". Après tout, le Brexit, c'est la loi de la démocratie, non? "C’est de la faute de notre système", déplore Sam, un retraité habitué des manifestations anti-Brexit. "En vrai, les candidats anti-Brexit ont obtenu plus de voix aux élections générales", assure-t-il.

Le thème de la fête, "party as there is no tomorrow", fétez comme s'il n'y avait pas de lendemain résonne assez juste au vu de la faible mobilisation. Il y a tout au plus une centaine de personnes réunies à Londres, bien loin des marées humaines des mois passés. Mais pour Steve Bray, demain existe. "Notre rôle sera de s'assurer que l'on ne perde pas plus encore", estime-t-il.

Fair play affiché

Une légère bruine s’est mise à tomber alors que la nuit s'installe sur la capitale britannique. Parmi les passants, certains s’impatientent: "Ce n’est pas bientôt fini ce cirque? C’est la démocratie!" D'autres, plus agressifs osent un "Go home losers" ("Rentrez chez vous, perdants!").

Dans d’autres pays, cela suffirait à en venir aux mains. Pas ici. Les "remainers" ont le flegme british. Ils pincent leurs lèvres supérieurs et ne répondent rien. Qu’ont ils prévu d’ailleurs pour le Jour J? Pas de venir ici, en tout cas. "Demain, nous laisserons les partisans du Leave célébrer", explique-t-on l’air un peu dégoûté. Une marche est prévue ailleurs dans Londres. Et puis, rendez-vous et déjà pris pour mercredi prochain, le jour où le Premier ministre répond aux questions du public.

Une façon de poursuivre la protestation. Mais il faudra trouver un autre slogan car "stop Brexit" a désormais perdu sa raison d'être.

Un reportage multimédia de Juliette Galeazzi, à Londres

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