Devant la presse, le directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus a expliqué valider la recommandation du groupe d'experts non pas comme "un vote de défiance à l'égard de la Chine". Mais parce qu'il est "très inquiet" par une extension potentielle à un pays qui aurait un moins bon système de santé.
De nombreux pays ne sont pas prêts à faire face à cette épidémie de pneumonie virale, avait mis en garde dans l'après-midi le Conseil de supervision de la préparation globale (GPMB), organe de contrôle international établi à Genève.
Selon les dernières données relayées jeudi soir, plus de 9700 cas ont été observés en Chine continentale, pour 213 décès, et une centaine d'autres environ dans près de 20 pays. Huit transmissions d'humain à humain ont été identifiées en Allemagne, au Japon, au Vietnam et aux Etats-Unis.
Pas de limitation du commerce
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) ne recommande pas "de limitation de commerce ni de mouvement", rejetant des interdictions de se rendre en Chine. De son côté, le président du comité d'urgence Didier Houssin a été un plus clair, mentionnant des "mesures discutables concernant les voyageurs" comme l'une des raisons pour le changement de statut avec l'augmentation des cas dans l'Empire du Milieu et d'autres Etats.
Selon lui, seuls "quelques pays" sont capables de garantir les conditions d'évacuation et de prise en charge de leurs ressortissants pour éviter une propagation de l'épidémie. Alors qu'un cordon sanitaire imposé le 23 février interdit à quelque 56 millions d'habitants de quitter la région, les Etats-Unis et le Japon ont commencé mercredi à évacuer leurs ressortissants.
Des vols annulés
Un premier avion français est aussi parti de Wuhan dans la nuit de jeudi à vendredi pour évacuer 250 personnes, selon des sources concordantes. D'autres pays planifient des opérations. Une douzaine de ressortissants suisses se trouvant dans la zone en quarantaine ont demandé à être rapatriés. Les autorités suisses sont en contact avec différents Etats en vue d'un "possible départ" pour ces personnes.
Outre la question des évacuations, les mesures de précaution internationales s'amplifient. Plusieurs compagnies aériennes, dont Air France, British Airways et Lufthansa, ont suspendu leurs vols vers la Chine continentale, où des pays comme le Royaume-Uni, l'Allemagne et les Etats-Unis déconseillent tout voyage.
Israël a annoncé jeudi soir interdire les vols en provenance de Chine. De son côté, Swiss avait prévu jeudi une dernière liaison pour permettre aux passagers d'arriver à destination et de rapatrier ses membres d'équipage.
Frontières fermées
La Russie a annoncé qu'elle fermerait vendredi ses 4250 km de frontière terrestre avec la Chine. En Italie, quelque 7000 personnes ont été bloquées jeudi sur un navire de croisière à Civitavecchia en raison de deux cas suspects du nouveau coronavirus qui se sont finalement avérés négatifs. Des dizaines de Suisses se trouvaient parmi eux. Toutes ces personnes ont été autorisées à débarquer dans la soirée.
ats/jfe
Pékin salué par l'OMS
Face à ces craintes envers la Chine, Tedros Adhanom Ghebreyesus a à nouveau salué l'attitude des autorités de ce pays. Sans elles, "nous aurions vu probablement de nombreux cas supplémentaires en dehors de Chine et probablement davantage de décès", a-t-il affirmé. Et de relever que Pékin a établi "un nouveau modèle de réponse à une épidémie".
En Chine, Pékin a ordonné aux agriculteurs et aux abattoirs d'augmenter leur production alors que l'épidémie perturbe les réseaux de distribution et que les prix des légumes s'envolent.