L'ancien Premier ministre est aujourd'hui âgé de 65 ans et exerce désormais comme associé au sein d'une société de gestion et d'investissements. S'il a décidé de s'exprimer sur France 2, c'est parce qu'il estime avoir été traité de manière injuste et avoir fait l'objet d'"une procédure d'exception, à charge, ne prenant pas en compte les arguments qui étaient les miens", en lien avec son procès qui s'ouvrira le 24 février.
"Je ne peux pas laisser ma vie, en particulier ma vie politique, disparaître derrière ce procès, je dois des explications aux 7 millions de Français qui m'ont soutenu", a ajouté François Fillon, précisant encore qu'il entendait défendre l'honneur de sa femme et de sa famille.
Détournement de fonds publics
François Fillon et son épouse Penelope seront jugés au tribunal correctionnel de Paris pour l'affaire des emplois fictifs qui a sabordé la campagne présidentielle du candidat des Républicains en 2017. Le couple sera jugé pour détournement de fonds publics, un chef pour lequel ils encourent dix ans d'emprisonnement et un millions d'euros d'amende.
L'ex-Premier ministre devra également répondre de recel de détournement de fonds publics, abus de biens sociaux et manquement aux obligations déclaratives de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique.
Les enquêteurs ont évalué à un million d'euros environ les sommes perçues par Penelope Fillon, du début des années 1980 à 2013, pour des emplois supposément occupés à l'Assemblée nationale comme assistante parlementaire et à La Revue des deux mondes en qualité de "conseillère littéraire". A ce titre, Penelope Fillon aurait touché près de 5000 euros mensuels bruts, alors que le directeur de la publication avait indiqué n'avoir reçu que deux ou trois notes de lecture de sa part.
"Penelope a été ma première et ma plus importante collaboratrice", explique François Fillon jeudi soir. Il réaffirme également que l'emploi de sa femme dans la Revue des deux mondes "n'était pas fictif" et que les "preuves seraient apportées au procès". L'ancien Premier ministre a toutefois commis un lapsus en tentant de défendre le travail d'assistante de son épouse: "Un assistant contribue au financement...pardon, au fonctionnement de son parti."
Naufrage à la primaire
L'affaire avait éclaté le 25 janvier 2017, à la suite de révélations du Canard enchaîné, à un moment où les sondages promettaient la victoire à François Fillon.
Déterminé à maintenir sa candidature en dépit de sa mise en examen, sourd aux invites et admonestations de son camp qui redoutait le naufrage, le champion des Républicains avait finalement échoué à la troisième place du premier tour, avec 20,01% des voix.
François Fillon avait alors dénoncé un complot visant à son "assassinat" politique, un "coup d'Etat institutionnel" imputé à un "cabinet noir" à l'Elysée, alors occupé par François Hollande. L'ancien républicain a maintenu ses accusations visant le socialiste: "Bien sûr qu'il y a eu des interventions multiples qui ont abouti au résultat que l'on connaît."
jfe avec reuters
"Les costumes? Une double erreur"
Le coup de grâce était venu des révélations de Robert Bourgi, figure des réseaux de la "Françafrique", qui s'était vanté de lui avoir offert deux costumes d'une valeur de 13'000 euros.
Une "double erreur", a convenu François Fillon, d'abord de "confiance" envers quelqu'un "qui ne la méritait pas", et ensuite d'"aveuglement en ne voyant pas" que cela "aurait un effet désastreux".