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Londres et Bruxelles s'opposent déjà sur l'après-Brexit

Le Premier ministre britannique pour son premier discours post-Brexit, à un pupitre marqué du slogan "Débrider le potentiel britannique", le 3 février 2020. [AP/Keystone - Frank Augstein]
Organiser l'après-Brexit s'annonce houleux entre UE et Royaume-Uni / Le 12h30 / 2 min. / le 3 février 2020
Trois jours ont passé depuis le Brexit et la bataille de l'après a commencé entre Londres et Bruxelles lundi, Boris Johnson rejetant l'alignement réclamé par Bruxelles sur les règles de l'UE comme prix à payer pour un accord de libre-échange "très ambitieux".

A distance, le ton s'est durci entre le Premier ministre britannique et le négociateur européen Michel Barnier. Ils ont chacun présenté leurs objectifs et leurs lignes rouges, pour la nouvelle ère qui s'est ouverte vendredi avec la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.

>> Le récit d'une rupture historique : C'est officiel, le Royaume-Uni ne fait plus partie de l'Union européenne

Les deux parties disposent d'une période de transition de 11 mois pour négocier un accord. Sinon, leurs échanges pourraient se retrouver très perturbés. Cela inquiète déjà les marchés financiers où le bras de fer engagé a fait chuter la livre lundi.

Un "accord ambitieux"

Michel Barnier a fait miroiter un accord commercial "très ambitieux", pour éliminer tous les droits de douane et tous les quotas sur les biens échangés avec le continent, soit des conditions plus avantageuses que celles offertes aux autres partenaires de l'UE.

En contrepartie de cette ouverture inhabituelle, Bruxelles refuse de voir émerger une économie dérégulée à sa porte, qui profiterait d'"avantages concurrentiels déloyaux", a prévenu le Français. "Nous ne serons pas naïfs", a-t-il lancé.

"Plus le Royaume-Uni veut être proche (des règles européennes), plus l'accès au marché unique sera facile (...) c'est une question d'équité", a renchéri la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

Pas de concurrence déloyale

Le Premier ministre britannique s'est voulu rassurant : son pays ne prévoit ni de faire une "concurrence déloyale" à l'UE, ni une "course vers le bas" sur les normes. Tout en martelant sa position de principe: le Royaume-Uni n'a pas à s'aligner sur les règles de l'UE "sur la concurrence, les subventions, la protection sociale, l'environnement" pour espérer un accord de libre-échange.

"Allons-nous empêcher les voitures italiennes ou du vin allemand d'entrer dans ce pays sans droits de douane faute d'alignement de l'UE sur nos règles britanniques sur les touillettes à café en plastique ou sur les congés maternité ? (...) Bien sûr que non", a-t-il assuré.

Comparant son pays à Clark Kent prêt à devenir le Superman du libre-échange face aux protectionnistes qui gagnent du terrain, l'artisan du Brexit a de nouveau exprimé les ambitions commerciales mondiales de son gouvernement en rappelant qu'il comptait négocier simultanément avec plusieurs pays hors de l'UE, des Etats-Unis à la Nouvelle-Zélande.

>> Les explications d’Alain Franco dans Forum :

Négociations ente Boris Johnson et Michel Barnier après le Brexit: l’analyse d’Alain Franco
Négociations ente Boris Johnson et Michel Barnier après le Brexit: l’analyse d’Alain Franco / Forum / 2 min. / le 3 février 2020

afp/kkub/lan

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Ne plus prononcer le mot en B...

Lors de son allocution lundi, Boris Johnson a également soigneusement évité de prononcer le mot "Brexit". En une demi-heure de discours, le dirigeant conservateur n'a pas prononcé le mot une seule fois, excepté une allusion à un "mot commençant par B".

Le mot "Brexit", contraction de "Britain" (Royaume-Uni) et d'"exit" (sortie) est-il devenu tabou, l'a interrogé un journaliste?

"Ce n'est pas interdit, c'est simplement fini, ça s'est produit (...) c'est comme le Big Bang ou la conquête normande, ça s'éloigne, c'est derrière nous dans l'Histoire", a déclaré Boris Johnson, avec son style imagé habituel.

"Brexit" avait été élu mot de l'année par le groupe éditant le dictionnaire Collins en 2016, son utilisation ayant monté en flèche avec le référendum sur l'appartenance à l'UE en juin 2016.