Dans son livre témoignage "Un si long silence", paru la semaine dernière, Sarah Abitbol, dix fois championne de France de patinage artistique en couple, multimédaillée européenne et mondiale, accuse son ancien entraîneur de l'avoir violée et agressée sexuellement plusieurs fois entre 1990 à 1992, une période couverte par la prescription. Elle était alors âgée de 15 à 17 ans.
Dans un communiqué, le procureur a précisé que les investigations, confiées à la brigade des mineurs, "s'attacheront à identifier toutes autres victimes ayant pu subir, dans le contexte décrit,
des infractions de même nature", au-delà des faits évoqués dans cet ouvrage.
Excuses rejetées
Vendredi, l'ancien entraîneur a reconnu, dans une déclaration écrite, "des relations intimes" et "inappropriées" avec Sarah Abitbol, lui présentant des "excuses".
L'ancienne championne a aussitôt refusé ces excuses et déclaré sur le site internet de L'Obs qu'elle attendait une deuxième étape, "celle qui mettra en lumière la responsabilité de tous ceux qui ont couvert, dans le club et à la fédération".
"Je suis contente, je suis soulagée. Cette prise de parole enfin commence à porter ses fruits", a-t-elle aussi réagi sur BFM TV. "Je suis émue, car c'est 30 ans de combat", a-t-elle ajouté.
Déjà signalé au début des années 2000
Au début des années 2000, sur la base d'un signalement de parents, l'ancien entraîneur avait fait l'objet d'une enquête judiciaire qui n'a pas abouti, puis d'une enquête administrative, qui a conduit le ministère des Sports à mettre fin à ses fonctions de cadre d'Etat en 2001.
Malgré cette mise à l'écart, l'entraîneur a poursuivi sa carrière au sein du club parisien des Français volants jusqu'à son éviction vendredi, et a effectué plusieurs mandats au sein de la Fédération française des sports de glace (FFSG) jusqu'en 2018.
D'autres anciennes patineuses ont émis des accusations similaires contre lui et d'autres entraîneurs.
Pour la ministre française des Sports Roxana Maracineanu, l'ouverture d'une enquête est "un signal fort". "La parole des victimes doit être entendue par la justice", a-t-elle tweeté en milieu de journée.
afp/boi