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Le président de la Thuringe élu grâce aux voix de l'extrême droite

Pour la première fois, un président d'un des Länder allemands, la Thuringe, a été élu grâce aux voix de l'extrême-droite.
Pour la première fois, un président d'un des Länder allemands, la Thuringe, a été élu grâce aux voix de l'extrême-droite. / 19h30 / 1 min. / le 5 février 2020
Pour la première fois, un président d'un des Länder allemands, la Thuringe, a été élu mercredi grâce aux voix de l'extrême droite, faisant tomber un tabou politique dans l'histoire d'après-guerre du pays. La gauche radicale était pourtant arrivée en tête lors des élections en octobre.

Mais à la surprise générale, c'est le candidat du petit parti libéral FDP, Thomas Kemmerich, qui a été désigné à une très courte majorité pour diriger cette région de l'ex-RDA.

Après des mois de tractations, le ministre-président sortant Bodo Ramelow, de la gauche radicale Die Linke, pensait pouvoir se faire reconduire à la tête d'une coalition minoritaire de gauche. Sauf que le vote, à bulletins secrets, a viré au cauchemar pour lui: il a finalement été devancé d'une voix par Thomas Kemmerich.

Cet homme de 54 ans a bénéficié du soutien surprise des voix de tous les élus du parti anti-migrants et anti-élites Alternative pour l'Allemagne (AfD), et de celles de la plupart des membres du parti conservateur (CDU) de la chancelière Angela Merkel. Le secrétaire général du parti Union chrétienne-démocrate (CDU) a immédiatement réagi.

Tollé dans le pays

Il a parlé d'"une journée noire pour la Thuringe", en rappelant que le parti de la chancelière avait pour principe d'exclure toute alliance ou coopération avec celui d'extrême droite AfD, tant au niveau national que régional. "Il est du coup d'autant plus grave de voir que des élus CDU ont assumé le fait qu'une élection puisse se faire avec des nazis", s'est-il emporté.

Jusqu'ici les partis traditionnels de droite et de centre-droit en Allemagne, comme la CDU ou le FDP, ont toujours refusé toute coopération ou alliance avec l'extrême droite.

L'affaire suscite un tollé dans le pays. Le président de la gauche radicale Bernd Riexinger a parlé d'un "tabou brisé". "Incroyable! L'élection aujourd'hui de Thomas Kemmerich [...] avec les votes de l'AfD n'est pas un accident, mais une violation délibérée des valeurs fondamentales de notre pays", lui a fait écho la dirigeante écologiste Katrin Göring-Eckardt.

Mais même au sein du FDP, les avis sont partagés: si le vice-président du parti Wolfgang Kubicki a parlé d'un "grand succès", la députée Marie-Agnes Strack-Zimmermann a elle pris ses distances, parlant d'une issue "inacceptable et insupportable" pour tout démocrate.

ats/afp/lan

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