Une décision d'ores et déjà contestée par ses adversaires.
«Aujourd'hui j'ai signé le décret sur une interruption avant terme
des pouvoirs du Parlement», a déclaré Viktor Iouchtchenko dans une
allocution retransmise à la télévision. «Ce n'est pas seulement mon
droit, c'est aussi mon devoir», a-t-il ajouté, assurant que sa
décision n'entraînerait «pas de troubles ni de
confrontations».
Le président pro-occidental, qui a reporté une visite prévue mardi
à Moscou, a pris cette décision après de longues consultations
lundi avec les responsables des groupes parlementaires pour tenter
de trouver une issue à la crise.
«Aucun fondement légal»
Les parlementaires de la majorité pro-russe du premier ministre
Viktor Ianoukovitch, réunis en session extraordinaire lundi soir,
ont pour leur part adopté par 256 voix une résolution disant que
cette décision n'avait aucun fondement légal.
Viktor Iouchtchenko accuse la coalition pro-russe de s'être
renforcée de façon «anticonstitutionnelle» en recrutant des
parlementaires pro-occidentaux dans le but d'acquérir une majorité
de deux tiers au Parlement, qui lui permettrait de passer outre aux
décisions du président.
Un président affaibli
«Cette méthode de formation de la majorité au Parlement n'est
pas constitutionnelle et rend le travail du Parlement illégitime»,
a-t-il dit, selon un communiqué de la présidence. La coalition
pro-russe dispose d'environ 250 députés sur 450. Elle compte
parvenir à 300 voix d'ici mai.
Dans ce cas, le président, dont les prérogatives ont déjà été
considérablement réduites, resterait pratiquement sans pouvoir, la
coalition étant capable de modifier la Constitution à son gré et de
surmonter tout veto présidentiel.
La dissolution entrera en vigueur dès sa publication au Journal
officiel, a expliqué à l'AFP un juriste membre de la commission
électorale centrale. Si la Cour constitutionnelle est saisie, le
Parlement «reste dissous pendant qu'elle examine la question», a
précisé un autre juriste.
ats/tac
Manifestations
Lundi, plusieurs milliers de sympathisants du gouvernement pro russe ont manifesté contre la dissolution, brandissant le drapeau national bleu et jaune ainsi que l'étendard rose du parti socialiste qui fait partie de la coalition.
Un village de quelque 200 tentes réunissant des pro-russes était installé dans un parc des deux côtés du Parlement.
Environ 1500 personnes se préparaient à y passer la nuit, selon l'agence Interfax.
Ce camp de tentes est financé par le Parti des régions du Premier ministre Viktor Ianoukovitch.
Samedi, des dizaines de milliers de partisans de l'opposition s'étaient à l'inverse rassemblés pour réclamer des législatives anticipées sur la place centrale de Kiev.