Le mot datcha est entré tel quel dans les langues étrangères, preuve qu’il représente un phénomène culturel qui n’a pas d’équivalent direct. Au début du 18e siècle, Pierre le Grand se met à offrir des terres en bordure de Saint-Pétersbourg à ses fidèles sujets pour qu’ils y construisent des résidences secondaires. Le mot datcha vient du verbe "dat’", qui signifie donner.
Au 19e siècle, des écrivains notent déjà que Moscou et Saint-Pétersbourg se vident littéralement à la belle saison, lorsque les citadins se précipitent dans leurs maisons de campagne. Le développement des chemins de fer va rendre ces lieux de villégiature encore plus accessibles aux bourgeois et marchands des villes, ou même aux étudiants, qui louent des maisonnettes ou des chambres auprès des paysans.
>>Retrouvez le prologue et les quatre épisodes du podcast "L'esprit de la datcha"<<
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L'ambivalence du pouvoir soviétique
Lorsque les bolchéviques arrivent au pouvoir en 1917, ils veulent abolir la propriété privée et le mode de vie bourgeois. Pourtant, la datcha ne disparaît pas et redevient même un symbole de privilège. A partir de la fin des années 1920, les membres de l’élite du régime - hauts fonctionnaires, militaires, écrivains - vont obtenir de spacieuses maisons de campagne.
C’est à partir des années 1960 que la datcha devient progressivement un phénomène de masse. La politique agraire menée par le pouvoir soviétique marche mal, les pénuries alimentaires sont fréquentes. L’Etat décide de distribuer des lopins de terre à une vaste partie de la population urbaine pour les encourager à cultiver elle-même un potager.