La cour d'appel de Paris est allée au-delà de la condamnation prononcée en première instance. Le 27 octobre 2017, à l'issue du premier procès dit des "biens mal acquis" devant la justice française, le tribunal correctionnel avait prononcé la même peine d'emprisonnement mais avait assorti du sursis l'amende de 32 millions de francs.
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Les sommes blanchies en France sont estimées à 160 millions de francs.
Les magistrats ont confirmé la confiscation de l'ensemble des biens saisis – dont un hôtel particulier avenue Foch à Paris estimé à lui seul à 114 millions de francs – qui reste toutefois suspendue à une décision de la Cour internationale de justice (CIJ).
Le fils du président Teodoro Obiang Nguema, dont les avocats n'ont eu de cesse de contester la légitimité de la justice française, ne s'est pas présenté lors du procès en appel en décembre, pas plus qu'au premier procès.
Blanchiment, abus de biens sociaux...
Teodorin Obiang, 50 ans, ancien ministre promu vice-président, a été déclaré coupable de blanchiment d'abus de biens sociaux, blanchiment de détournement de fonds publics, blanchiment d'abus de confiance. Contrairement au premier procès, il a toutefois été relaxé du délit de blanchiment de corruption.
Le parquet général avait requis quatre ans d'emprisonnement avec mandat d'arrêt, 32 millions de francs d'amende et la confiscation des biens saisis.
L'enquête, ouverte après des plaintes des associations Sherpa et Transparency International (lire encadré), avait mis au jour l'ampleur du patrimoine dont dispose en France Teodorin Obiang: objets d'art, voitures de luxe, ou cet hôtel particulier de 101 pièces avec hammam et discothèque, décoré de marbre et pourvu de robinets recouverts d'or...
Un train de vie très éloigné du quotidien de son petit pays pétrolier du golfe de Guinée où plus de la moitié des habitants vivent sous le seuil de pauvreté.
La Guinée équatoriale conteste
Dirigée depuis 1979 par Teodoro Obiang Nguema, qui détient le record de longévité au pouvoir en Afrique, la Guinée Équatoriale conteste devant la CIJ les perquisitions dans l'hôtel particulier de l'avenue Foch, présenté par Malabo comme des locaux diplomatiques.
Dans l'attente de l'issue de cette procédure, l'hôtel particulier ne peut être saisi. Une série d'audiences opposant Malabo à Paris est prévue à La Haye (siège de la CIJ) la semaine prochaine, du 17 au 21 février.
Teodorin Obiang a la possibilité de saisir la Cour de cassation.
afp/sjaq
Un signal fort
William Bourdon, l'avocat de Transparency international, a salué "un signal fort et puissant". Marc-André Feffer, président de Transparency France, a appelé à une restitution aux populations des avoirs confisqués, soulignant que "160 millions de francs, c'est 4 millions de vaccinations d'enfants, 250'000 raccordements à l'eau potable, ou alors 250 kilomètres de routes".
Dans un communiqué, Marc-André Feffer s'est également réjoui que la justice "confirme que la France n'est plus une terre d'accueil pour les avoirs issus du blanchiment de l'argent sale".