Lors d'un discours au vitriol prononcé mercredi à Ankara, Recep Tayyip Erdogan a menacé le régime de Bachar el-Assad de graves représailles si les forces syriennes s'en prenaient à nouveau aux forces turques stationnées aux environs d'Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie. En une semaine, 14 soldats turcs ont été tués dans des bombardements de l'artillerie syrienne, et 700'000 civils ont fui l'offensive.
Il a en outre réitéré un ultimatum au régime, le sommant de se retirer de certaines positions à Idlib d'ici fin février, menaçant de l'y contraindre en faisant "tout ce qui est nécessaire, sur terre et dans les airs".
Menace contre les avions et les hélicoptères
Ces derniers jours, la Turquie a considérablement renforcé sa présence militaire dans la province, où le régime et la Russie ont enregistré des gains face aux groupes rebelles et djihadistes ces dernières semaines. Selon la presse turque, Ankara a déployé plus de 1000 véhicules dans la région en deux jours. Ankara s'intéresse de près à Idlib en raison de sa proximité avec la frontière turque, redoutant notamment que l'offensive du régime syrien ne provoque un nouvel afflux de réfugiés vers la Turquie, qui accueille déjà 3,7 millions de Syriens.
La montée des tensions à Idlib a en outre commencé à éroder l'entente entre la Russie et la Turquie, qui, en dépit de leurs intérêts contradictoires en Syrie, avaient renforcé leur coopération depuis 2016. Ankara et Moscou avaient notamment parrainé en 2018 un accord prévoyant la cessation des hostilités dans cette région.
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Rompant avec son habituelle retenue lorsqu'il s'agit de la Russie, Recep Tayyip Erdogan a accusé Moscou de prendre part au "massacre" de civils au côté des forces du régime à Idlib et dénoncé les "promesses qui ne sont pas respectées". Il a en outre affirmé que les avions et hélicoptères qui bombardent les civils "ne pourront désormais plus mener leurs actions tranquillement comme avant", sans préciser les moyens qui seraient mis en oeuvre ou si les appareils russes seraient visés.
Des "terroristes" pour Damas et Moscou
Le porte-parole du Kremlin, de son côté, a accusé la Turquie de ne rien faire pour "neutraliser les terroristes à Idlib", une situation qu'il a jugée "inacceptable".
Dernier bastion de l'opposition à Bachar el-Assad après près de neuf ans d'un conflit ayant fait plus de 380'000 morts et des millions de réfugiés, la province d'Idlib est dominée par des groupes djihadistes. Damas et Moscou affirment y combattre des "terroristes", mais la Turquie les a accusés de viser "majoritairement des civils" dans le but de pousser les populations vers la frontière turque.
ats/vic
"Des déclarations vides" pour Damas
La Syrie a accusé mercredi le président turc Recep Tayyip Erdogan d'être "déconnecté de la réalité", après ses menaces de frapper "partout" le régime syrien, dans un contexte de tensions inédites entre les deux pays voisins.
"Le chef du régime turc fait des déclarations vides, creuses et ignobles ne pouvant provenir que d'une personne déconnectée de la réalité (...)", a déploré l'agence de presse syrienne, citant une source au sein du ministère syrien des Affaires étrangères.
Accrochage entre militaires américains et syriens
Alors que l'attention est rivée sur la situation à Idlib, la région de Qamishli, dans le nord-est, a été le théâtre mercredi d'une rare altercation entre des militaires américains et des forces pro-Assad. Selon la coalition internationale antidjihadiste menée par les Etats-Unis, une patrouille américaine a répliqué à des tirs d'armes légères après être tombée sur un checkpoint des forces loyales à Bachar el-Assad.
D'après l'Observatoire syrien des droits de l'homme, ces affrontements ont fait un mort côté régime et ont pris fin après un raid américain sur le secteur, qui a permis l'évacuation de deux véhicules militaires américains retenus dans le village de Kherbat Ammo.