Depuis son entrée en lice en novembre, l'ex-maire de New York Michael Bloomberg a dépensé 300 millions de dollars exclusivement tirés de ses fonds personnels pour financer des spots publicitaires.
Neuvième homme le plus riche de la planète, Michael Bloomberg a, fort de ses quelque 60 milliards de fortune, secoué la campagne démocrate. Il est présent sur tous les fronts, y compris sur les réseaux sociaux où il s'est offert les services de plusieurs influenceurs. "C'est absolument unique. Il n'y a rien eu de comparable dans l'histoire politique américaine", estime Bill Sweeney, expert en politique à l'American University.
L'attente du Super Tuesday
Alors que d'autres candidats sillonnent les Etats-Unis depuis un an à la rencontre des électeurs, l'avalanche publicitaire de l'ex-républicain et ancien indépendant a déjà eu un impact frappant: Michael Bloomberg, 77 ans, a grimpé à la troisième place de la moyenne des sondages nationaux établie par RealClearPolitics.
Certes, ces enquêtes d'opinion sont à prendre avec précaution, car les primaires démocrates se jouent Etat par Etat. Mais là aussi, Michael Bloomberg prend l'avantage en investissant sur le terrain dans un réseau étoffé d'employés et de permanences électorales, tandis que de nombreux autres candidats ne peuvent pas encore y être aussi présents.
L'ex-maire concentre déjà ses efforts sur les 14 Etats qui voteront lors du "Super Tuesday" du 3 mars, puisqu'il a décidé de faire l'impasse sur les quatre premiers qui votent en février.
Ses adversaires accusent Bloomberg d'avoir acheté sa candidature
"Bloomberg ne fait qu'acheter son ticket d'entrée" dans l'élection, a dénoncé mardi Donald Trump, lui aussi milliardaire. Pour une fois d'accord avec le président républicain, le sénateur Bernie Sanders a asséné que "dans une démocratie, on n'a pas le droit d'acheter la présidence". Et la sénatrice Elizabeth Warren accuse aussi Michael Bloomberg d'avoir acheté sa place pour participer au prochain débat télévisé des primaires démocrates.
Mais son équipe défend l'auto-financement de sa campagne comme un gage d'intégrité. "Contrairement à tous ceux qui se présentent à la présidentielle, Mike Bloomberg n'a jamais reçu un centime de contribution à sa campagne de la part de groupes d'intérêt ou qui que ce soit d'autre", a déclaré Stu Loeser, un responsable de son équipe.
Tom Steyer aussi en lice
Michael Bloomberg n'est pas le seul milliardaire briguant l'investiture démocrate. L'ex-gestionnaire de fonds d'investissement Tom Steyer ne compte "que" sur une fortune personnelle de 1,6 milliard, selon le magazine Forbes. Mais il a déjà investi des dizaines de millions dans les premiers Etats des primaires. Là aussi, l'impact dans les sondages est flagrant.
En Caroline du Sud, qui votera le 29 février, Tom Steyer a dépensé environ 19 millions de dollars, selon CNN, et a grimpé jusqu'à la deuxième place de la moyenne des rares sondages, menaçant potentiellement le favori: l'ancien vice-président Joe Biden.
Plus concrètement, Tom Steyer est parvenu à allier aux publicités ciblées un grand investissement de temps sur le terrain, en déployant ses équipes de campagne et son épouse, qui va s'y installer jusqu'au scrutin.
"Aux Etats-Unis, un candidat peut dépenser sans restriction son propre argent dans une campagne", souligne l'expert Bill Sweeney. "Mais au final, tout revient aux électeurs. Il y a de nombreux exemples de gens très riches qui dépensent des millions de dollars et perdent".
Tom Steyer peut en témoigner: après avoir dépensé plus de 18 millions de dollars dans le New Hampshire, soit trois fois plus que le vainqueur Bernie Sanders, il n'a récolté que 10'700 voix (3,6%).
afp/boi