A l'occasion d'un déplacement dans un quartier populaire de Mulhouse, le chef de l'Etat a toutefois tenu à souligner qu'il ne visait pas les musulmans mais ceux qui s'affranchissent des règles de la France. "Notre ennemi est le séparatisme" islamiste mais "faire un plan contre l'islam serait une faute profonde", a-t-il souligné.
"L'islam politique n'a pas sa place" en France, avait affirmé un peu plus tôt Emmanuel Macron lors d'un bain de foule avec des jeunes du quartier qu'il a invités à assister à son discours de fin de journée. Il a déjeuné dans le commissariat local où vingt policiers de plus ont été affectés, comme dans une cinquantaine de quartiers dits "de reconquête républicaine".
Afin d'éviter des prêches non conformes aux lois de la République, la France cessera notamment d'accueillir des "imams détachés" envoyés par d'autres pays, comme la Turquie et l'Algérie, en augmentant parallèlement le nombre d'imams formés en France.
"Savoir d'où vient l'argent" des mosquées
Le président a aussi annoncé un contrôle renforcé des financements étrangers des lieux de culte, pour pouvoir bloquer des projets suspects. "Nous devons savoir d'où vient l'argent, qui le touche et pour quoi faire", a-t-il lancé.
Autre annonce, la disparition prochaine des ELCO (enseignements en langues et cultures étrangères) qui offrent à 80'000 élèves des cours dispensés par des enseignants envoyés par d'autres pays, parfois non francophones et sans contrôle de l'Education nationale.
Un projet de "chartes de laïcité"
Cette "visite de terrain" du président de la République était la première étape d'une séquence qui s'étendra au-delà des élections municipales des 15 et 22 mars, durant laquelle il détaillera sa stratégie contre la radicalisation et l'islam politique. Il devrait prochainement évoquer la radicalisation dans les clubs de sports ou associations, pour y installer des "chartes de laïcité".
afp/oang
Le débat se durcit toujours plus en France
Le programme du chef de l'Etat a aussitôt été critiqué par le sénateur LR Bruno Retailleau qui a twitté: "y a-t-il un seul islamiste qui ce soir est inquiet des annonces d'Emmanuel Macron?".
De son coté, Jean-Luc Mélenchon lui a reproché de "passer sous silence les églises évangélistes qui sont directement liées aux puissances étrangères que sont les Etats-Unis et le Brésil."
Depuis le début du quinquennat, les oppositions de droite mais aussi une partie de son propre camp pressent Emmanuel Macron d'affirmer sa politique sur ce sujet.
Le débat s'est encore durci ces derniers mois, alimenté par de vives polémiques sur la présence de listes communautaristes aux municipales ou sur le port du voile par une mère accompagnant une sortie scolaire.