Si les systèmes politiques de la Suisse et des Etats-Unis diffèrent de par leur histoire, la taille et la démographie des deux pays, certaines ressemblances peuvent être trouvées, à l'exemple du fédéralisme.
Les deux systèmes offrent également un large éventail politique allant de l'extrême-gauche à l'extrême-droite, avec un centre de gravité légèrement plus à droite aux Etats-Unis qu'en Suisse.
La question des logements abordables, les inégalités de revenus, la taxation des entreprises ou encore l'énergie nucléaire sont parmi les thématiques communes aux deux pays.
Pour l'analyse comparative, une liste non exhaustive a pris en compte une dizaine de critères. Cinq politologues ont aidé à l'analyse, à savoir le Bernois Claude Longchamp, le Zurichois Louis Perron, Graham Hill de l'Université de Berne, l'ancien ambassadeur américain Charles Adams, et Paul Vallet du Geneva Centre for Security Policy.
Premier constat, le parti démocrate américain s'inscrit sur une large palette politique, allant de la gauche du Parti socialiste (PS) jusqu'à la droite libérale du Parti libéral-radical (PLR).
Bernie Sanders et Elizabeth Warren au Parti socialiste
Le candidat le plus à gauche est sans conteste Bernie Sanders, avec son programme pour taxer la spéculation immobilière, couper dans les budgets de la défense ou encore légaliser le cannabis.
Malgré les attaques de Donald Trump le traitant de communiste, le septuagénaire est loin d'être marxiste. S'il insiste sur la couverture santé pour tous, mesure vue comme révolutionnaire aux Etats-Unis, certains pays en Europe en débattent depuis longtemps. On pourrait situer Bernie Sanders à gauche du Parti socialiste (PS) suisse, avec des positions comparables à Tamara Funiciello ou Cédric Wermuth.
La candidate Elizabeth Warren s'écarte des grandes idées révolutionnaires de Bernie Sanders mais resterait dans le PS. La sénatrice du Massachussetts a pour principale préoccupation de taxer les riches pour mieux redistribuer aux classes populaires. Elle incarne ainsi une aile plus médiane dans cette gauche démocrate.
Amy Klobuchar et Pete Buttigieg au Parti démocrate-chrétien
Plus au centre, Amy Klobuchar, sénatrice depuis 13 ans, est issue du Minnesota, un Etat à la fibre sociale prononcée, avec une grande immigration venue du nord de l'Europe. Cette femme de l'establishment pourrait être comparée à une PDC sociale d'un Etat périphérique, un peu comme Martin Candinas dans les Grisons.
En affirmant davantage ses valeurs chrétiennes, Pete Buttigieg aurait aussi sa place au sein du PDC, voire des Vert'libéraux. Si le plus jeune des candidats veut imposer les riches et taxer les émissions carbone, il est plus tempéré sur le système de santé publique, évite les formules redistributives et milite pour plus de sécurité.
Joe Biden chez les Vert'libéraux
Plus à droite, l'ex-vice-président Joe Biden est le candidat du compromis, qui cherche à rallier démocrates et républicains à sa cause. Il surfe d'une part sur les sujets écologiques, mais pas question de légaliser les clandestins ou de baisser le budget de la défense.
Ce candidat pourrait trouver sa place chez les Vert'libéraux, avec un profil pour certains côtés proche d'Isabelle Chevalley. Avec pour différence une fibre sociale cependant plus prononcée et l'accent mis sur la fiscalité redistributive.
Michael Bloomberg au Parti libéral-radical
Le plus à droite des candidats démocrates serait Michael Bloomberg, qui se placerait économiquement et sociétalement dans le Parti libéral-radical (PLR). Pas étonnant en sachant que le milliardaire était autrefois républicain. Celui-ci prône moins d'Etat, plus de fédéralisme.
Arrivé sur le tard dans la primaire démocrate, son programme n'est pas encore très clair, mais il s'oppose fermement aux armes à feu. Du temps où il était maire de New York, Michael Bloomberg avait sérieusement durci le ton sur le plan sécuritaire.
En route pour l'investiture du parti démocrate, les candidats américains s'inscrivent dans un large éventail sur l'échiquier politique suisse. Au-delà de leurs points communs sur le social, l'écologie et la fiscalité, c'est surtout sur un principe qu'ils se rejoignent tous: réussir à fédérer les électeurs démocrates pour se distinguer du président républicain Donald Trump, candidat à sa succession.
Analyse radio: Cédric Guigon / Muriel Ballaman
Sujet web: Mouna Hussain