Basée à Ranthambore, l'une des plus importantes réserves de tigres indiennes, l'ONG Tiger Watch paie depuis de nombreuses années des petits paysans pour surveiller les braconniers de même que les allées et venues des 60 félins du parc.
Grâce à cette collaboration - Tiger Watch dispose d'un informateur dans chaque village - le nombre de tigres a été multiplié par trois en douze ans et le braconnage est devenu presque impossible.
Mais l'organisation non-gouvernementale s'est longtemps heurtée au déni des autorités. "J'ai commencé mes recherches en décembre 2003 et j'ai finalisé mon premier rapport en 2004. J'ai découvert que 18 tigres qui étaient bien connus dans la région et que les touristes apercevaient facilement avaient disparu", se souvient son directeur.
Absence de volonté des autorités
Au départ, l'office national des forêts lui avait donné l'autorisation d'aller sur le terrain. "Puis ils ont dit que mes conclusions étaient fausses, sans fondement", raconte Dharmendra Khandal. "Ils étaient censés protéger les tigres. Au lieu de ça, ils tentaient de masquer leur échec".
Mais la réserve est devenue trop petite pour offrir assez de proies aux félins, qui chassent du coup dans les villages. L'an dernier, ils ont ainsi tué cinq personnes. Et pour Dharmendra Khandal, le problème est épineux car agrandir la réserve paraît impossible.
Le rôle des mafias minières
"Il y a plusieurs problèmes à Ranthambore, en particulier l'extraction illégale de pierres tous les jours", explique-t-il. "Chaque matin, on voit circuler jusqu'à cent camions remplis de ces pierres qui ont été prises dans le parc. Les mineurs les extraient à l'explosif. Cela réduit la surface forestière et donc les proies dont les tigres ont besoin pour se nourrir. Autour du parc, il y a 170 villages qui utilisent ces pierres comme matériau de construction".
Les mafias minières agissent avec la bénédiction des politiciens locaux, une corruption sur laquelle tout le monde ferme les yeux par peur des représailles.
Emmanuel Derville/oang