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L'ex-président Fujimori rentre au Pérou

Certains manifestants protestent contre l'ordre d'extradition
Certains manifestants protestent contre l'ordre d'extradition
L'ex-président péruvien A.Fujimori, extradé du Chili après une décision de justice, est arrivé au Pérou samedi soir. Il est réclamé par la justice péruvienne pour corruption et violation des droits de l'Homme durant son régime autoritaire.

"L'extradition a été accordée", a annoncé Alberto Chaigneau, le
président de la deuxième chambre de la Cour chilienne, dont la
décision est définitive et met fin à une longue péripétie
judiciaire.

En première instance, le 11 juillet, la demande d'extradition
avait été rejetée par le juge chilien Orlando Alvarez, réputé
conservateur, une décision contre laquelle Lima avait fait
appel.



Agé de 69 ans, l'ancien président, un Péruvien doté aussi de la
nationalité japonaise, a affirmé qu'il s'attendait à être extradé
et a dit "avoir ses valises prêtes depuis une semaine".



La députée Keiko Fujimori, sa fille aînée, a appelé ses partisans
à l'accueillir pour lui "souhaiter la bienvenue" à l'aéroport de
Lima. Alberto Fujimori a confié par téléphone à une radio de Lima
qu'il pensait être extradé mais pour seulement quatre dossiers et a
assuré qu'il était "certain de s'en sortir avec honneur".

Heurts à Lima

Des affrontements ont opposé samedi des partisans de
l'ex-président péruvien Alberto Fujimori aux forces de l'ordre à
l'aéroport de Lima où l'avion le transportant était attendu après
son extradition par le Chili.



Les incidents ont éclaté après que 300 sympathisants de l'ancien
chef de l'Etat eurent rompu un cordon de police, a-t-on indiqué de
source policière. Les manifestants, qui portaient des vêtements à
l'effigie de l'ex-président, ont brandi une banderole avec
l'inscription "défendons l'innoncence de Fujimori". Le ministère
péruvien de l'Interieur a renforcé les effectifs policier à
l'aéroport.

Trois mois de procès en vue

Le procès devrait commencer tout de suite et durer au minimum
trois mois, selon le procureur péruvien, mais les avocats de
l'ancien président à Lima estiment que celui-ci durera deux ans.
L'ancien dirigeant, qui avait démissionné sur fond de scandale
avant de se réfugier pendant cinq ans au Japon, avait été arrêté au
Chili lors de son arrivée inopinée en novembre 2005.



Bloqué au Chili et redoutant une extradition, Alberto Fujimori
s'était présenté sans succès au sénat japonais sous l'étiquette du
Nouveau parti du peuple japonais, groupe dissident du parti libéral
démocrate (PLD). Son retour au Pérou va embarrasser l'actuel
président Alan Garcia qui a besoin du soutien des 13 députés
"fujimoristes" pour obtenir la majorité au parlement.



afp/bri

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Violation des droits de l'Homme

La justice péruvienne réclame Alberto Fujimori pour de graves violations des droits de l'Homme.

Il est accusé du massacre en 1991 de 15 habitants d'un quartier à Lima.

Il aurait commandité l'assassinat en 1992 de 9 étudiants et d'un professeur de l'Université de la Cantuta par un escadron de la mort.

On lui reproche également des affaires de corruption.

Il risque 10 ans de prison pour corruption et 30 ans pour violation des droits de l'Homme.

Ayant dirigé le pays d'une main de fer, Alberto Fujimori avait envoyé dans les années 1990 l'armée combattre la guérilla maoïste, provoquant une longue guerre qui a fait 70'000 morts et disparus, d'après les organisations des droits de l'Homme.

Décision saluée

Au Pérou, le verdict final de la Cour suprême autorisant son extradition a été salué par les organisations des droits de l'Homme et les familles des disparus ou tués durant le régime autoritaire de Fujimori (1990-2000) lors de la lutte contre la guérilla maoïste du Sentier Lumineux.

Human Rights Watch a qualifié ce jugement de "précédent important pour d'autres pays", soulignant que "c'est la première fois qu'un tribunal ordonne l'extradition d'un ancien chef d'Etat vers son pays d'origine afin d'être jugé pour de graves violations des droits de l'Homme".

Amnesty international a estimé de Londres qu'il s'agissait d'"un pas très important pour les milliers de victimes de son régime autoritaire".