La France se prépare au premier tour des municipales malgré le coronavirus
- Les Français élisent les 15 et 22 mars 500'000 conseillers municipaux et 67'000 conseillers intercommunaux.
- Près de 47,7 millions de personnes sont inscrites sur les listes électorales à la veille des municipales.
- La campagne officielle pour le premier tour (15 mars) a débuté lundi 2 mars, trois jours après l'expiration du délai de dépôt des candidatures. Le nombre de candidats s'élève à 902'465.
- À l'issue du second tour (22 mars), les conseils municipaux élus désignent les 35'000 maires.
Epidémie
Pas de report malgré le coronavirus
"Il n'est absolument pas à l'ordre du jour de repousser les élections municipales" en raison de l'épidémie de coronavirus, a affirmé début mars Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement.
Le jour des élections, des mesures de précautions seront prises pour aménager les bureaux de vote, pour éviter que les électeurs ne soient "collés les uns aux autres dans une file d'attente", et en utilisant les techniques de lavage de mains au gel hydro-alcoolique, a-t-elle ajouté.
28% des électeurs renonceraient à voter
Près de 47,7 millions de personnes sont inscrites sur les listes électorales à la veille du scrutin et sont donc amenées à se déplacer les dimanches des 1er et 2e tours pour désigner les quelque 500'000 conseillers municipaux.
Selon un sondage Ifop réalisé le 5 mars et publié dimanche, 28% des électeurs sont susceptibles de ne pas aller voter dimanche prochain en raison des risques de contagion, et ce davantage dans les grandes villes que dans les communes rurales. Mais 72% iront voter malgré tout.
"Venez voter avec des gants, avec des bonnets, avec des masques, mais venez voter!": à l'instar du député LR Eric Woerth, les politiques appellent mardi à ne pas sacrifier les élections municipales.
"Aller voter, ce n'est pas plus dangereux que d'aller chez son boulanger ou chez son boucher ou au supermarché", a fait valoir sur franceinfo Hervé Morin, président de la région Normandie et du parti Les Centristes, en soulignant que "l'échelon municipal est un échelon majeur".
Procurations pour les personnes vulnérables
Pour encourager la mobilisation, le ministère de l'Intérieur a pris des mesures visant à faciliter la délivrance de procurations pour les personnes vulnérables et confinées en raison de l'épidémie.
Ces personnes peuvent déjà demander à un officier de police de se déplacer pour recueillir leurs demandes de procurations, avec toutes les mesures de précaution sanitaires prévues. Dans les maisons de retraite, ces demandes pourront être recueillies par une personne travaillant déjà dans l'établissement.
Vers une abstention record?
Quelque 47,7 millions d'électeurs, dont 330.000 ressortissants de l'Union européenne, sont appelés à élire leur maire dans un contexte sans précédent, alors que la France a fermé à minuit tous les "lieux recevant du public non indispensables à la vie du pays".
Ouverts depuis 08h00, au prix d'un respect scrupuleux des consignes de distanciation et de priorisation des personnes âgées et fragiles, les bureaux de vote fermeront à 18h00, 19h00 ou 20h00 selon les communes.
La progression de l'épidémie, qui a désormais fait 91 morts, laisse présager une abstention record lors de ce scrutin dont la tenue du deuxième tour, le 22 mars, pose déjà question. Le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer a estimé dimanche que le virus toucherait "probablement" plus de la moitié de la population française.
Edouard Philippe
Il tente de reconquérir Le Havre
Le Premier ministre Edouard Philippe est candidat à la mairie du Havre, poste qu'il a déjà occupé entre 2010 et 2017. Il a déjà fait savoir qu'en cas d'élection, il serait remplacé durant son mandat de Premier Ministre.
Emmanuel Macron espère beaucoup de cette candidature, mais rien n'est gagné, car désormais, Edouard Philippe est aussi celui qui imposé la réforme des retraites...
Capitale
A la conquête de la mairie de Paris
S'il y a une élection très observée pour ces municipales, c'est celle de la mairie de Paris. Elle oppose actuellement trois candidates favorites.
Depuis deux semaines, Agnès Buzyn, ancienne ministre de la Santé, a repris le flambeau de la campagne pour La République en Marche, après l'abandon de Benjamin Griveaux. Un proche du président contraint de se retirer de la course à la mairie après la diffusion de vidéos privées à caractère sexuel.
La socialiste Anne Hidalgo est elle aux manettes depuis six ans durant lesquels on l'a souvent dite à terre, source d'un "hidalgobashing" sans précédent. Reste qu'à l'approche du verdict des urnes et avec une campagne très verte, elle figure en tête des sondages, même de peu.
Face à elle, une revenante ou presque, Rachida Dati, ancienne ministre sous l'ère Sarkozy, ancienne députée européenne, qui gère aujourd'hui le très bourgeois 7ème arrondissement. Celle-ci ambitionne un virage à droite pour la capitale, devenue, à ses yeux, trop sale et trop peu sûre.
Retour de Nicolas Sarkozy
Nicolas Sarkozy a par ailleurs profité des municipales pour sortir de sa retraite politique lundi soir lors d’un meeting en soutien à la candidate Rachida Dati. Il s'agit de la première réunion publique de l'ancien président depuis trois ans.
Sur fond de conflit social lié à la réforme des retraites , difficile de se présenter aux élections municipales en tant que membre du parti du président Emmanuel Macron. Des permanences sont vandalisées, des meetings perturbés. Certains reçoivent des menaces ou sont même agressés physiquement.
Au centre de la France, Eric Faidy est candidat à la mairie de Clermont-Ferrand. Sur ses tracts de campagne, le logo de son parti se veut discret.
Cadre chez Michelin, fleuron industriel clermontois, ce quinquagénaire prône une ville verte, et se déclare pourtant "macroniste assumé". "L'idée c'est de parler de notre projet de transformation pour Clermont-Ferrand et non de sujets nationaux."
Début janvier, le néo-politicien s'est fait prendre à partie par des opposants au pouvoir, "mélange de syndicalistes et de gilets jaunes".
Contenu externe
Ce contenu externe ne peut pas être affiché car il est susceptible de collecter des données personnelles. Pour voir ce contenu vous devez autoriser la catégorie Réseaux sociaux.
AccepterPlus d'info
Une nuit, des inconnus s'en s'ont également pris à la façade de sa permanence. "C'est au-delà de ce qui est tolérable dans ce pays", réagit le candidat.
"Je ne le prend pas personnellement, mais les personnes qui veulent s'investir dans ces élections doivent pouvoir s'exprimer sans qu'on vienne briser leur vitre."
Son cas est loin d'être isolé: des incidents violents contre des candidats LREM se sont multipliés à travers la France.
"La manière dont les gens perçoivent la violence n'est pas forcément la bonne", conteste Philippe Fasquel, candidat de "Cause commune". "Les médias se focalisent sur une violence ponctuelle visible, mais la vraie violence c'est celle de la casse sociale."
Ainsi, associatifs, déçus de partis ou gilets jaunes figurent sur cette liste citoyenne qui réunit en somme les colères françaises.
Les présidents cibles de la haine
"Ces débats, ces blocages, parfois même ces agressions verbales font partie de la vie démocratique. Il ne faut pas non plus s'affoler outre mesure", explique Pierre-Henri Tavoillot, philosophe et auteur de "Comment gouverner un peuple-roi? Traité nouveau d'art politique".
"On a depuis pas mal de temps le sentiment que les présidents de la République française, dès lors qu'ils sont élus, deviennent immédiatement détestés. Ils sont la cible de la haine et de la détestation parce que censés détenir le pouvoir, ce qui prouve que la démocratie française reste un peu monarchique."
Ecologie
Les Verts tablent sur la proximité
Les candidats d'Europe Ecologie les Verts (EELV) font la course en tête dans plusieurs grandes villes de France. C'est le cas à Besançon, capitale du Doubs, où la verte Anne Vignot est favorite.
Cette candidate mise sur une campagne de proximité pour lutter contre le discrédit de la classe politique. Elle organise des "apéro-débat" chez des particuliers.
Ce vendredi soir, c'est dans l'appartement de Christine et Yvan qu'Anne Vignot s'est rendue. "Cela me permet de mieux connaître la candidate que je souhaite voir gagner", explique l'hôte de la soirée. Parmi les 11 invités, convaincus et à convaincre se côtoient.
"J'adore ce format-là", assure la candidate, "parce que j'ai parfois énormément de questions, ce qui est un exercice compliqué. Le dernier que j'ai fait a duré plus de 3 heures. Ce soir, on a eu un dialogue vraiment courtois et simple".
Grenoble, laboratoire sous pression pour les Verts
Autre cité essentielle pour les écologistes, Grenoble, seule grande ville française actuellement aux mains d’EELV. "C’est la démonstration que nous savons mettre en œuvre une écologie du quotidien, très concrète, qui change la vie des gens", a déclaré le secrétaire national du parti, Julien Bayou, au sujet de la capitale des Alpes.
Une "écologie du quotidien" mise en place par Eric Piolle, maire depuis 2014 et candidat à sa réélection. Le magistrat a notamment créé un réseau "d’autoroutes à vélo" qui relie Grenoble et ses communes environnantes. Il a aussi rendu majoritaires les menus bio dans les cantines scolaires et fait disparaître les panneaux publicitaires de l’espace public.
Face à lui, le candidat de droite Alain Carignon, un revenant de la politique, ancien maire et ministre, condamné dans les années 1990 pour corruption. Ainsi que plusieurs autres rivaux, dont le socialiste Olivier Noblecourt et la macroniste Emilie Charras. Des candidats qui critiquent le bilan écologiste, sécuritaire et de gestion publique d’Eric Piolle.
Reste que le candidat Vert fait largement la course en tête dans les sondages. "Nous avons un peu la pression, parce qu’il s’est passé quelque chose de très singulier à Grenoble en 2014. Et la question que se pose tout le monde, c’est finalement : est-ce que les Grenobloises et Grenoblois, après six ans d’expérience collective, auront envie d’accélérer cette transition ou non", explique-t-il à la RTS.
Enjeux
Les communes rurales en mal de vie
Redynamiser les communes rurales en France est l'un des enjeux des élections municipales. Pour y arriver, un projet nommé "1000 cafés" a été mis sur pied. Celui-ci a pour but la réouverture de bistrots dans les villages.
L'initiative vient du "Groupe SOS", qui table sur les partenariats publics-privés. En un siècle, la France a perdu 92% de ses cafés. Environ 60% des communes rurales ne disposent plus d'aucun commerce.
Beaulon, en Auvergne, fait partie des 23 premières communes sélectionnées pour ce projet. Son café "Chez Odile" est fermé depuis 3 ans et les 9 commerces restants peinent à survivre.
"Une place de village c'est vivant, les gens discutent entre eux, mais on a perdu cela, regrette le maire Alain Lognon. C'est dommage, une commune de 1700 habitants devrait avoir un café."
Chiffres
Nombre de candidats en baisse
Le nombre de candidats au premier tour des élections municipales, le 15 mars, s'élève à 902'465, en baisse de 3% par rapport au scrutin de 2014, selon les chiffres diffusés le 2 mars par le ministère de l'Intérieur.
Les candidats sont répartis sur 20'765 listes, un nombre en recul du même ordre. Le second tour des municipales aura lieu le 22 mars.
La baisse du nombre de candidats est liée à celle du nombre de communes, en recul de 5% en six ans, avec un total de 34'997 communes en 2020.
Des communes sans candidats
Un total de 102 communes de moins de 1'000 habitants, ainsi que quatre communes de plus de 1'000 habitants, sont sans liste ou sans candidat, précise le ministère.
Dans cette situation, la préfecture annule le premier tour et un candidat peut encore se déclarer entre le premier et le second tour.
Record de listes à Paris
A Paris, un nombre record de 181 listes ont été déposées pour le premier tour et huit candidats présentent des listes dans l'ensemble des 17 secteurs de la capitale.
Chaque prétendant à l'Hôtel de Ville devait ainsi réunir environ 500 colistiers pour que ses listes sont présentes partout dans Paris.
Conseillers municipaux et intercommunaux
Les Français devront élire quelque 500'000 conseillers municipaux, un nombre également en baisse de plus de 20'000 en six ans avec les regroupements de communes.
Autre volet du scrutin, ils éliront en même temps quelque 67'000 conseillers intercommunaux pour gérer les 1'259 intercommunalités que compte le pays.