Le sommet de l'Everest est à nouveau resté vierge cet hiver, d'incessantes chutes de neige et des avalanches ayant forcé toutes les expéditions en lice à renoncer. Les ascensions hivernales du toit du monde, avec ses 8848 m d'altitude, sont notoirement difficiles en raison des conditions extrêmes sur la montagne. Seule une poignée d'himalayistes aguerris s'y risque, loin des foules de la haute saison d'avril-mai.
La cordée de l'alpiniste espagnol Alex Txikon, qui en était à sa troisième tentative d'ascension hivernale du Jomo lang ma – du nom de la montagne en tibétain – a échoué à atteindre le camp 3 situé à 7158 m d'altitude. Une neige fraîche d'une épaisseur de 45 centimètres les a forcés à rebrousser chemin. "Nous l'avons échappé belle plusieurs fois avec des avalanches hier (mercredi). C'est frustrant, nous sommes forts et avons envie de continuer, mais les conditions sont impitoyables!", a posté l'alpiniste sur sa page Facebook.
Deux autres expéditions en échec
Quelques heures avant, une équipe de quatre sherpas népalais, qui espérait atteindre le sommet par une montée express, avait également annoncé la fin de son expédition en raison de l'enneigement sous le camp 3. L'Everest compte quatre camps d'étape entre le camp de base et la cime.
Le seul autre alpiniste également présent sur l'Everest, l'Allemand Jost Kobusch, est redescendu mercredi au camp de base après être monté à 7360 m sans oxygène en bouteille ni soutien de sherpas. "J'aurais même pu continuer, le temps semblait stable, mais mon intuition m'a dit 'stop'", a-t-il indiqué sur Facebook.
Températures inférieures à -40°C
En hiver, les températures sur l'Everest descendent régulièrement sous les -40°C et les vents soufflent avec une violence décuplée. Il a fallu attendre 27 ans après la première ascension du sommet par Edmund Hillary et Tensing Norgay en 1953 pour qu'une première expédition, menée par le Polonais Krzysztof Wielicki, atteigne le toit du monde durant la mauvaise saison, en 1980.
La durée depuis laquelle l'Everest n'a plus été vaincu en hiver est aussi de 27 ans, puisque la dernière "hivernale" réussie du plus haut sommet de la Terre remonte à 1993, par une expédition japonaise.
Bouchons en été
L'année dernière, 885 personnes ont atteint le sommet de l'Everest au printemps, un nombre record. La surfréquentation a engendré des embouteillages sur le haut de la montagne, dont les photos ont fait le tour de la planète. Cette haute saison a aussi vu la mort de 11 personnes. Les encombrements, qui rallongent considérablement le temps passé dans la "zone de la mort", au-dessus de 8000 m, ont été incriminés dans au moins quatre de ces décès.
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L'automne dernier, en revanche, les velléités d'ascensions ont été rendues impossibles par la présence d'un sérac haut comme un immeuble de plusieurs étages qui penchait dangereusement au-dessus de la voie.
En mai 2017, le prodige de l'alpinisme suisse Ueli Steck avait trouvé la mort au pied de l'Everest, alors qu'il s'entraînait près du Camp 2. Il était sur le point de se lancer dans un exploit inédit: l'ascension de deux sommets de plus de 8000 mètres à la suite (l'Everest et le Lhotse), le tout en solitaire, sans oxygène et par l'arête Ouest de l'Everest, une voie gravie une seule fois dans l'histoire.
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Le K2 résiste toujours
Considéré comme le "8000" le plus difficile à escalader, le K2, à la frontière pakistano-chinoise, est le dernier des géants himalayens à n'avoir jamais été gravi en hiver.
ats/Vincent Cherpillod