On savait déjà que la Turquie avait riposté par des bombardements d'artillerie et de drones, depuis vendredi, aux frappes aériennes qui ont coûté la vie à 33 soldats turcs à Idleb. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), cette réplique a entraîné la mort d'au moins 93 soldats syriens et 14 combattants de groupes alliés à Damas depuis vendredi.
"Mettre fin aux massacres du régime"
Mais lors d'une allocution télévisée dimanche, le ministre turc de la Défense a pour la première fois évoqué une offensive plus générale. "L'opération Bouclier du Printemps, déclenchée après la vile attaque du 27 février à Idleb, se poursuit avec succès", a affirmé Hulusi Akar. Son but est de "mettre fin aux massacres du régime et empêcher une vague migratoire".
Le ministre a précisé qu'Ankara n'avait "ni l'intention, ni l'envie d'entrer dans une confrontation avec la Russie", qui soutient le régime de Bachar al-Assad, tout en soulignant que la Turquie attendait que Moscou fasse pression sur le régime syrien pour qu'il "stoppe ses attaques".
Deux avions syriens abattus
Deux avions du régime syrien ont été abattus dimanche par l'armée turque dans la région d'Idleb, selon des sources concordantes. En Turquie, le ministère de la Défense a affirmé dans un communiqué que "deux avions (Soukhoi) SU-24 appartenant au régime (syrien) et qui attaquaient nos avions ont été abattus", sans en revendiquer de manière explicite la responsabilité.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les deux Soukhoi Su-24 ont été abattus par un F16 de l'armée turque dans les zones tenues par le régime dans la province d'Idleb.
Ankara affirme par ailleurs avoir détruit depuis le 27 février de nombreux blindés, des hélicoptères et des systèmes de défense antiaérienne appartenant à l'armée syrienne.
Des semaines d'escalade militaire à Idleb
Ces déclarations interviennent après des semaines d'escalade entre Ankara et Damas dans la région d'Idleb. Avec l'appui de l'aviation russe, le régime syrien mène depuis décembre une offensive meurtrière pour reprendre ce dernier bastion rebelle et jihadiste en Syrie.
Samedi, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait sommé son homologue russe Vladimir Poutine de "s'ôter du chemin" de la Turquie en Syrie et assuré que le régime de Damas allait "payer le prix" de ses attaques.
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L'escalade à Idleb suscite les craintes de la communauté internationale, alors que la situation humanitaire y est déjà catastrophique. Depuis le début de l'offensive du régime en décembre, près d'un million de personnes ont été déplacées dans cette région frontalière de la Turquie.
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afp/oang
Le chef du média russe Sputnik en Turquie arrêté
La police d'Istanbul a interpellé dimanche le rédacteur en chef du site en langue turque du média russe Sputnik, financé par le Kremlin, sur fond de tensions croissantes entre Ankara et Moscou, a annoncé son employeur.
L'interpellation a également été annoncée sur Twitter par la rédactrice en chef globale du groupe, Margarita Simonian. Dimanche matin, trois collaborateurs du site avaient déjà été arrêtés à Ankara. Moscou a appelé Ankara à "intervenir et à assurer la sécurité des journalistes".