L'audition, qui avait débuté jeudi vers 09h00 au pôle financier
du Palais de Justice de Paris, s'est achevée vendredi à 03h00. Les
magistrats cherchaient à déterminer ce qui a amené le chef du
gouvernement a faire secrètement enquêter sur des faux listings
attribués à l'institution financière luxembourgeoise
Clearstream.
Ces derniers mettaient en cause de prétendus bénéficiaires de
commissions occultes sur des ventes de frégates à Taïwan, en
particulier son grand rival Nicolas Sarkozy, ministre de
l'Intérieur.
Un seul précédent: Jospin
Cette audition exceptionnelle d'un Premier ministre avait été
autorisée par le conseil des ministres le 6 décembre.
Une telle procédure ne connaît qu'un seul précédent dans
l'histoire française récente, lorsque le socialiste Lionel Jospin
avait été entendu pour une affaire de financement illégal de son
parti au début des années 1990.
Le statut de simple "témoin" signifie qu'aucune charge ne peut
être retenue contre D. de Villepin pour l'instant. Toutefois, comme
dans toute instruction, le statut de témoin peut évoluer en
fonction de l'appréciation des juges vers d'éventuelles
poursuites.
Expert du renseignement
Les juges devraient notamment tenter de savoir pourquoi D. de
Villepin, pour mener une première enquête sur les faux listings, a
fait appel en secret à un ancien expert du renseignement français,
le général Philippe Rondot, qui dépendait hiérarchiquement du
ministère de la Défense.
Le 9 janvier 2004, M. de Villepin organise une réunion avec le
général Rondot et son ami Jean-Louis Gergorin, à l'époque vice
président du groupe européen d'aéronautique et de défense EADS, qui
a reconnu être le «corbeau» dans cette affaire.
Le nom de N. Sarkozy a été cité au cours de cette réunion, selon
les notes du général Rondot publiées fin avril et début mai dernier
par Le Monde. Et Dominique de Villepin, désigné comme «DdV» dans
ces notes du général Rondot aurait prononcé cette phrase consignée
par le militaire: «si nous apparaissons, le président (Jacques
Chirac) et moi, nous sautons».
ats/sch
Contre Sarkozy?
Dominique de Villepin a affirmé n'avoir jamais cherché à déstabiliser Nicolas Sarkozy, à qui l'opposait une vive rivalité dans l'optique de la présidentielle de 2007.
Nicolas Sarkozy est désormais candidat, et Dominique de Villepin laisse entendre qu'il ne se lancera pas dans la course.
Nombre de témoins interrogés jusqu'ici par les juges, dont la ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie, ou l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, ont été bombardés de questions sur le Premier ministre et son rôle dans l'affaire.