Républicains et démocrates
Le Parti républicain est classé à droite de l'échiquier politique américain. Proche des milieux d'affaires et se basant sur les valeurs de la famille, il se veut généralement partisan d'un Etat fédéral réduit et veut limiter l'emprise du système social étatique. Les républicains ont remporté 24 des 40 dernières élections présidentielles américaines.
Donald Trump a été élu en 2016 sous la bannière républicaine. Avant lui, le dernier président avait été George W. Bush entre 2001 et 2009.
Le Parti démocrate se veut progressiste. Selon les personnes qui le dirigent, il s'inscrit soit à gauche de l'échiquier, soit au centre. Soutenu par les syndicats, il se dit soucieux de freiner les excès du capitalisme avec des programmes sociaux. La majorité de ses membres se disent ouverts au mariage homosexuel et à l'avortement.
Barack Obama est le dernier démocrate à avoir siéger à la Blanche entre 2009 et 2017.
Si la politique américaine est marquée par ce bipartisme (il existe d'autres petits partis, nettement moins représentés), rien n'empêche des candidats de se déclarer en dehors des étiquettes républicaine ou démocrate. Jusqu'ici, ils n'ont toutefois jamais eu aucune chance de l'emporter.
Actuellement, les deux partis se partagent le contrôle des deux Chambres du Congrès: le Parti républicain est majoritaire au Sénat et le Parti démocrate à la Chambre des représentants.
En 2020, le sortant républicain Donald Trump affronte l'ancien vice-président démocrate Joe Biden.
Les étapes
L'élection présidentielle américaine est un long chemin de croix qui démarre l'année précédent le vote en lui-même quand les divers candidats se lancent dans la course aux primaires démocrate ou républicaine, donnant le coup d'envoi à des campagnes durant lesquelles ils dépensent souvent des sommes colossales. Ils sont libres de retirer leur candidature quand ils le souhaitent, si les sondages ne sont pas favorables.
La deuxième étape est celle des primaires et caucus servant à désigner un candidat dans chaque camp pour la présidentielle. Il s'agit d'une sorte de mini-élection qui se tient dans presque tous les Etats américains. Les vainqueurs sont ensuite désignés formellement candidats lors de conventions de partis durant l'été (l'investiture) et ils se lancent ensuite dans la course avec un colistier jusqu'à l'élection présidentielle elle-même, qui aura lieu le 8 novembre.
Pour l'élection de 2020, seuls les primaires et caucus démocrates ont eu une véritable importance pour désigner l'adversaire de Donald Trump. Ceux qui ont un temps contesté son leadership ont rapidement jeté l'éponge.
Cette année toutefois, le processus n'a pu se dérouler normalement à cause de la pandémie de coronavirus. Et le dernier adversaire de Joe Biden, Bernie Sanders, a abandonné avant la fin des primaires qui ne pouvaient avoir lieu.
Les primaires
Les primaires et les caucus devaient se tenir entre le 3 février en Iowa et le 2 juin dans cinq Etats, dont Washington. Il s'agit d'élections indirectes, car les citoyens élisent les délégués qui seront chargés de désigner le candidat du parti lors des conventions nationales du mois de juillet. En clair, on choisit un délégué qui soutient son candidat favori afin qu'il vote pour lui lors de la convention.
Les primaires sont effectuées de manière indépendante par les démocrates et les républicains. Le choix s'effectue lors d'une élection à bulletin secret (alors qu'un caucus fonctionne via des assemblées citoyennes): les citoyens se rendent dans un bureau de vote et choisissent le bulletin de vote de leur candidat.
Ces primaires peuvent être fermées, à savoir que seuls les citoyens qui se déclarent membres du parti peuvent voter. Il existe aussi des primaires ouvertes, à savoir que les électeurs choisissent librement la primaire à laquelle ils veulent participer, sans pouvoir participer à la primaire de l'autre parti.
Les caucus
Une quinzaine d'Etats ont choisi un système plus compliqué que la primaire: le caucus. Ce mot d’origine amérindienne, qui signifie "qui conseille, qui incite", désigne à l’origine une réunion de leaders tribaux. Le système exact est propre à chaque Etat, mais en résumé les électeurs ne votent pas à bulletin secret, mais se réunissent par circonscription ou district dans des écoles, églises ou salles municipales.
Une fois sur place, les partisans des candidats se regroupent en fonction du candidat qu'ils soutiennent. Au final, c'est le groupe qui compte le plus grand nombre de personnes qui bénéficie du plus grand nombre de délégués. Ces assemblées citoyennes désignent ainsi des délégués de la circonscription, puis du comté et enfin les délégués de l'Etat qui seront envoyés à la Convention du parti.
Le Super Tuesday
Le processus des primaires se déroule sur plusieurs mois et on en sait peu à peu plus sur le nom du candidat qui va être choisi et surtout sur les candidats qui n'ont plus aucune chance.
Et pour éviter de voter en dernier, quand le résultat est déjà connu, certains Etats se sont regroupés pour organiser leurs votes au même moment. Il s'agit traditionnellement d'un mardi, d'où le nom de Super Tuesday.
Cette année, 15 Etats (Californie, Texas, Caroline du Nord, Virginie, Massachusetts, Minnesota, Colorado, Tennessee, Alabama, Oklahoma, Arkansas, Utah, Maine, Vermont et Samoa américaine) ont voté le même jour, le 3 mars et ils ont désigné au total plus de 1000 délégués démocrates.
Les délégués et super-délégués
Les délégués sont les personnes choisies lors des primaires et caucus et qui sont chargées de désigner le candidat du parti pour la présidentielle lors de la Convention. Ce n'est pas le nombre d'Etats gagnés par les candidats ni le nombre total de suffrages recueillis qui compte, mais le nombre total de délégués qui est important.
Chaque Etat, qu'il organise un caucus ou une primaire, a ainsi droit à un nombre de délégués proportionnel à la population de l'Etat. Certains Etats très peuplés, comme la Floride, la Californie ou le Texas, ont donc un poids déterminant, alors que d'autres sont moins peuplés mais jouissent d'une importance stratégique, comme l'Iowa ou le New Hampshire.
En 2020, les candidats démocrates encore en lice devaient se départager les 3979 délégués en jeu.
Pour ne rien simplifier, il existe également des super-délégués, à savoir des personnes qui ne sont pas désignées par les électeurs directement mais qui sont nommées automatiquement du fait de leur statut, en tant qu'élu, ancien élu ou officiel du parti. Ils sont libre de soutenir le candidat de leur choix lors de la Convention.
Les Conventions
Si les primaires livrent le nom du vainqueur, c'est lors des Conventions de partis que les deux formations politiques désignent officiellement le nom de leurs poulains. Cette étape très médiatisée se veut aussi et surtout un moyen de galvaniser l'électorat derrière le parti et de mieux faire connaître le candidat choisi.
Comme la Convention est souvent jouée d'avance, son seul suspense réside souvent dans le choix du colistier, qui pourra briguer le poste de vice-président.
La Convention nationale du Parti démocrate s'est déroulée à la mi-août à Milwaukee, dans le Wisconsin, un Etat qui a fait cruellement défaut aux démocrates en novembre 2016. Reportée d'un mois à cause la pandémie, elle a vu Joe Biden annoncer le choix de Kamala Harris comme colistière.
Le Parti républicain devait lui tenir sa Convention à Charlotte, en Caroline du Nord, du 24 au 27 août, mais Donald Trump a souhaité un changement de lieu à cause des règles de distanciation sociale en vigueur dans cet Etat à cause du Covid-19. La réunion du parti s'est finalement tenue aux mêmes dates à Jacksonville, en Floride, Etat où le président a récemment élu domicile. Le choix de Mike Pence comme colistier a été confirmé par Donald Trump.
Les grands électeurs
Une fois que le candidat de chaque camp est intronisé commence une période d'affrontement entre républicains et démocrates, à coup de meetings de campagne et de débats télévisés, jusqu'au jour du vote proprement dit.
Le premier débat présidentiel doit avoir lieu le 29 septembre dans l'Indiana. Suivront deux autres débats, le 15 octobre dans le Michigan et le 22 octobre dans le Tennessee.
Le président américain n'est pas élu au suffrage direct comme c'est le cas par exemple en France. Dans ce système, les électeurs américains votent pour des représentants qui sont ensuite chargés d'élire le président. Ce collège électoral est composé de 538 grands électeurs. Pour gagner, un candidat doit donc obtenir la majorité absolue des grands électeurs, soit 270.
Le nombre de grands électeurs par Etat est proportionnel à la population. La Californie en compte donc 55, le Texas 38 et la Floride 29. Les Etats les moins peuplés reçoivent au minimum 3 grands électeurs.
La plupart des Etats applique la règle suivante: le candidat arrivé en tête dans l'Etat rafle l'ensemble des grands électeurs. Ainsi, le candidat qui remporte, même d'une voix, la Californie empoche la totalité des 55 grands électeurs. Aucune proportionnalité n'est appliquée.
Cette répartition explique notamment l'élection de Donald Trump il y a quatre ans. Si le républicain avait obtenu un total de 62'212'752 voix contre 64'227'373 à Hillary Clinton, il avait reçu le soutien de 290 grands électeurs contre 232 à son adversaire démocrate.
Les swings states
Lors du vote, certains Etats prennent invariablement plus d'importance que d'autres. En effet, plusieurs Etats votent toujours ou presque pour un camp ou un autre et on peut déjà plus ou moins prédire où iront ses grands électeurs.
Plus que ces Etats presque déjà joués, une dizaine d'Etats jouissent d'une attention toute particulière, car le résultat y est très incertain et pourrait faire basculer le scrutin. Ce sont les swing states (ou Etats-pivots, Etats-clés). Les candidats y font campagne plus souvent qu'ailleurs.
Plus le nombre de grands électeurs y est important, plus ces Etats sont déterminants, mais les candidats ne négligent pas les plus petits car le vote pourrait basculer pour quelques grands électeurs.
Parmi le swings states de première importance figure en premier lieu la Floride et ses 29 grands électeurs. Suivent l'Ohio (18), la Georgie (16), la Caroline du Nord (15), la Virginie (13), l'Arizona (11). Le Colorado (9), l'Iowa (6), le Nevada (6) et le New Hampshire (4) font aussi partie des Etats qualifiés de pivots.
Election Day et Inauguration Day
Le 46e président des Etats-Unis va être élu le 3 novembre 2018 (Election Day). Selon la Constitution américaine, plusieurs critères sont nécessaires pour être candidat à la présidentielle: il faut être âgé d'au moins 35 ans, être citoyen américain de naissance et avoir vécu sur sol américain pendant les 14 ans précédent le scrutin.
La date de l'investiture du président américain aura lieu le 20 janvier 2021.
Frédéric Boillat