La "super" journée électorale de mardi, lors de laquelle 14 Etats se prononcent pour choisir l'adversaire de Donald Trump à la présidentielle de novembre aux Etats-Unis, est aussi marquée par l'entrée en lice d'un nouveau protagoniste: le milliardaire Michael Bloomberg, qui avait fait l'impasse sur les quatre premiers scrutins et a investi sans compter sa fortune personnelle dans la bataille.
"C'est le jour J", a lancé Joe Biden sur Twitter à l'ouverture des bureaux de vote dans ces Etats très divers, dont plusieurs poids lourds, comme la Californie, le Texas, la Caroline du Nord ou la Virginie, qui attribuent un grand nombre des délégués nécessaires pour obtenir l'investiture.
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Forte remontée
Longtemps ultrafavori mais handicapé par des résultats piteux dans les premiers votes, l'ex-bras droit de Barack Obama a réussi une remontée exceptionnelle en remportant très largement la Caroline du Sud et son vote afro-américain jugé indispensable pour tout candidat démocrate.
Dans la foulée, il a engrangé lundi le soutien de trois anciens candidats: le jeune Pete Buttigieg, révélation des primaires, la sénatrice du Minnesota Amy Klobuchar, populaire dans le Midwest, et le Texan Beto O'Rourke.
"Que vous ayez soutenu Pete, Amy, Beto ou tout autre candidat, sachez qu'il y a une maison pour vous dans cette campagne", a assuré le modéré de 77 ans, qui n'a pas caché son émotion lors d'un meeting lundi soir à Dallas, au Texas, entouré de ses nouveaux soutiens.
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Barrage à Sanders
Tous espèrent que leurs désistements permettront à Joe Biden de faire barrage à Bernie Sanders, devenu le super-favori après un démarrage en fanfare. Les idées très à gauche du sénateur de 78 ans, qui prône notamment une couverture médicale universelle, inquiètent une partie de l'establishment démocrate.
Avec les récents retraits, la primaire est plus que jamais une course entre septuagénaires. Avant qu'elle ne se résume à un duel Biden-Sanders, un troisième homme blanc de 78 ans est en effet la nouveauté du "Super Tuesday": Mike Bloomberg et son demi-milliard de dollars dépensé en publicités de campagne.
Deux premiers débats peu convaincants l'ont fait baisser dans les sondages, mais l'ex-maire de New York, l'une des dix premières fortunes mondiales, figure toujours en troisième place, derrière Bernie Sanders et Joe Biden.
Une contreperformance de sa part laisserait à l'ancien vice-président un boulevard au centre, seul modéré face au "socialiste" revendiqué Bernie Sanders, dans un pays où ce terme évoque encore à certains des relents de Guerre froide et de communisme.
Votes aussi à Genève et Zurich
Après la première partie du scrutin mardi chez les démocrates de Suisse (Democrats Abroad), à prendre avec prudence, Elizabeth Warren (33%) devance Bernie Sanders (31%) et Joe Biden (28%) à Genève. Michael Bloomberg n'obtient que 7%.
A Zurich, Bernie Sanders est arrivé largement en tête (38,1%), devant Elizabeth Warren (28,6%), Joe Biden (20,6%) et Michael Bloomberg (6,3%).
Mais ces résultats ne prennent pas en compte pas les suffrages en ligne. Or, des organisateurs ont fait remarquer que beaucoup d'électeurs pourraient préférer le premier de ces deux dispositifs en raison du coronavirus.
Un autre bureau est prévu samedi et mardi prochains à Bâle. L'ensemble des données seront vérifiées et validées, avant d'être officialisées le 23 mars.
ats/ebz
Immense territoire
Depuis la pointe nord-est des Etats-Unis jusqu'au milieu du Pacifique, les primaires organisées mardi couvrent un immense territoire: 14 Etats, ainsi que les îles Samoa américaines et les démocrates vivant à l'étranger.
La Californie, Etat farouchement progressiste aux 40 millions d'habitants, pèse de façon décisive. Le Texas avec ses 30 millions d'habitants est aussi à surveiller. En tout, plus d'un tiers des délégués sont distribués d'un coup, ce qui fait de cette journée un moment-clé.
Les sondages pour ce "Super Mardi" sont largement favorables à Bernie Sanders, en tête dans trois (Californie, Texas et Virginie) des quatre Etats offrant le plus de délégués pour la Convention qui désignera in fine en juillet le candidat démocrate à la présidentielle.
Il était aussi en tête dans le Massachusetts, l'Etat dont une autre candidate classée à gauche, Elizabeth Warren, est la sénatrice. Un mauvais score pour elle pourrait signer la fin de sa campagne. La Caroline du Nord penchait du côté de Joe Biden.
Meeting de Trump
Comme un pied de nez à ses rivaux, Donald Trump a tenu un meeting électoral dans le Massachusetts à la veille du vote. Entouré d'une marée de casquettes rouges, il a promis de battre "les socialistes radicaux".
Le milliardaire républicain, qui aime s'immiscer dans la campagne démocrate, affirme que les dés sont "pipés" en défaveur de Bernie Sanders. Et attaque ses autres adversaires à grand renfort de sobriquets: "Mini Mike Bloomberg ne se remettra jamais de ses débats marqués par l'incompétence", a-t-il tweeté mardi matin, après avoir avoir jugé que "Joe l'endormi ne sait même plus où il est ni ce qu'il fait".