Cette élection met un terme, provisoire, à une crise politique qui a pris une ampleur nationale et déstabilisé le mouvement de la chancelière, tiraillé entre la tentation d'un soutien à l'extrême droite et la gauche radicale.
Président sortant, Bodo Ramelow (Die Linke), 64 ans, a été élu avec une majorité relative de 42 voix sur 92 par le parlement de cette région enclavée d'Allemagne de l'Est, grâce notamment au soutien des sociaux-démocrates du SPD et des écologistes.
Les conservateurs de l'Union démocrate-chrétienne (CDU) et les libéraux du FDP se sont eux abstenus. Opposé lors des deux premiers tours au candidat d'extrême droite, Bjorn Höcke, il a finalement été élu à la majorité relative au troisième tour, après le retrait de son adversaire.
Séisme politique
En février, l'élection surprise du candidat du petit parti libéral FDP, Thomas Kemmerich, grâce aux voix de la CDU et de l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), avait provoqué un séisme en Allemagne et au sein du parti de la chancelière, brisant un tabou datant de l'après-guerre.
Face au tollé, le dirigeant libéral avait dû renoncer 24 heures après à ses fonctions, plongeant les institutions dans la paralysie. Cette crise politique a eu des répercussions jusqu'à la tête de la CDU, la dauphine d'Angela Merkel, Annegret Kramp-Karrenbauer, renonçant à présider le parti et à viser la chancellerie en 2021, faute d'autorité sur ses troupes en Thuringe.
Soutien du SPD
Bodo Ramelow, qui a perdu sa majorité de gauche lors des élections en octobre, a sans surprise reçu le soutien des sociaux-démocrates du SPD et des écologistes. Mais il n'a pu convaincre quatre élus supplémentaires issus des libéraux ou de la droite conservatrice d'Angela Merkel pour atteindre la majorité absolue de 46 voix et ainsi être élu au premier ou au deuxième tour.
Le parti d'Angela Merkel, qui élira le 25 avril un nouveau président et probable candidat à la chancellerie l'an prochain, avait jusqu'ici toujours exclu de voter pour des candidats de l'extrême gauche, du fait notamment de leurs liens présumés avec l'ancien régime est-allemand.
Pour les aider à résoudre le dilemme, Bodo Ramelow leur a demandé mercredi matin "de s'abstenir de voter" pour lui, soulignant qu'il était prêt à attendre le troisième tour de l'élection, où le candidat peut être élu au plus grand nombre de voix.
ats/gma