Développée par le géant de l'internet Alibaba, l'application permet aux Chinois d'attester de leur niveau de risque supposé auprès des autorités.
Ils peuvent s'en servir pour obtenir dans leur téléphone un code QR qui peut prendre trois couleurs: vert (aucune restriction n'est imposée), jaune (quarantaine de 7 jours) ou rouge (quarantaine de 14 jours).
Ces codes couleurs ont ramené un peu de sérénité au sien de la population: "C’est bien pour tout le monde, ça rassure les gens en pleine épidémie", a expliqué à l'émission de la RTS Tout un Monde un habitant de Hangzhou classé "vert". "Quand je sors au supermarché ou n’importe où, ce code prouve que je suis en bonne santé. Ça instaure un climat de confiance entre les gens."
Algorithme obscur
A Hangzhou, les cafés, les restaurants, les magasins, les bureaux et même les parcs exigent le même rituel avant d'entrer: contrôle de température suivi du scan du code-barre.
Ce système alimente cependant des critiques en matière de vie privée, car les facteurs pris en compte par l’algorithme de l’application demeurent obscurs. Son concepteur, le groupe Alibaba, n’a pas répondu aux sollicitations de la RTS.
Selon le gouvernement local, le code barre vire au jaune après un contrôle de température anormal, en cas de contact avec une personne malade ou si le détenteur se rend dans une zone infectée.
Risque pour la sphère privée
Cette opacité est aussi critiquée par Human Rights Watch, qui pointe les risques liés à l’exploitation étendue des données personnelles "Le gouvernement chinois recourt depuis longtemps aux nouvelles technologies pour surveiller massivement sa population", explique Maya Wang, spécialiste de la Chine pour le compte de l’organisation.
Les autorités utilisent ces évènements pour justifier de nouvelles mesures de sécurité et pour investir dans de nouveaux outils de surveillance
"Il est intéressant de constater que l’adoption de chaque nouvelle technologie s’est faite parallèlement à des événements comme les Jeux olympiques en 2008 ou la grande foire de Shanghai l’an dernier. Les autorités utilisent ces événements pour justifier de nouvelles mesures de sécurité et pour investir dans de nouveaux outils de surveillance. Des outils qui créent ensuite une dépendance des forces de l’ordre et qui sont intégrés de manière permanente à l’arsenal sécuritaire de la Chine."
En quelques jours seulement, plus de 300 localités chinoises ont adopté la nouvelle technologie. L’épidémie de coronavirus pourrait donc laisser des traces indélébiles dans les poches des habitants.
Sujet radio: Michaël Peuker
Adaptation web: Antoine Schaub