Figure de la gauche latino-américaine, Lula est aujourd’hui dans l'opposition au président Bolsonaro après une carrière politique marquée par la controverse sur les affaires de corruption, "en raison de l’explosion des inégalités", dit-il.
De passage à Genève et interrogé samedi par la RTS sur le désastre au Venezuela et la déconfiture de plusieurs régimes de gauche en Amérique latine, l'ancien chef d'Etat estime cependant que le moment est venu d'un retour en force de la gauche: "La déception de la gauche est davantage un phénomène européen. Fernandes vient de remporter les élections en Argentine. Et s'il y a une élection au Chili, c'est la gauche qui va l'emporter et ce sera la même chose au Brésil."
"A 74 ans, je suis encore plein d’énergie"
Questionné sur son éventuelle candidature aux prochaines élections brésiliennes, Lula affirme qu'il n’a pas encore pris sa décision mais qu'il est plein d'énergie à l'âge de 74 ans.
"S'il y a quelque chose que j'ai appris dans la vie, c'est de lutter. A chaque fois que je perdais une élection, je rentrais à la maison pour me préparer à la prochaine élection. Donc maintenant je me prépare pour aider le Brésil à récupérer la démocratie", affirme celui qui a dirigé le Brésil de 2003 à 2011.
"Mélenchon doit être président"
Selon l'ancien chef d'Etat, le retour de la gauche peut prendre en France les couleurs de Jean-Luc Mélenchon: "Il peut être président. Il doit être président. Parce qu'il faut qu'il y ait un président qui soit sur la même longueur d'onde que la partie la plus pauvre de la société française."
Et Lula d'ajouter: "J'ai été ami de Chirac, Sarkozy, Hollande, de plusieurs ministres français. Et je pense que Mélenchon a un discours pour faire face à l'extrême droite française. Il doit y croire, car personne ne s'attendait à ce qu'un métallurgiste comme moi devienne président du Brésil."
"Je voterais Sanders"
Lula s’exprime aussi sur la campagne électorale américaine, affichant son soutien à Bernie Sanders, le candidat le plus à gauche: "Si j'étais americain et si j'avais le droit de voter, je voterais sûrement pour Bernie Sanders."
Cette figure de gauche ne s'empêche toutefois pas de critiquer les Etats-Unis: "Même si c'est le pays le plus riche du monde, le plus belliqueux, le seul qui ait employé la bombe atomique, les Etats-Unis ne sont pas les propriétaires du monde."
"Jésus Christ était de gauche"
L'ex-président, qui a rencontré le pape François, affirme que ce dernier reste inspiré par ce qu'il a vu en Amérique du Sud pour défendre des idées d'égalité. "Je ne dirais pas que c'est un pape de gauche, je pense qu'il défend ce que Jésus Christ nous a appris."
Et pour Lula, "s'il faut comparer, Jésus Christ était de gauche parce qu'il défendait les pauvres, la justice, il pensait que tout le monde devait être traité également. Et c’est ça qu'on veut. Que ceux qui produisent soient traités avec respect. Ce qui n'est pas acceptable, c'est qu'une personne ait un compte avec 200 milliards de dollars. Et que par ailleurs des millions de gens meurent de faim".
>> Lula et le pape:
Propos recueillis par Darius Rochebin
Adaptation web: Frédéric Boillat
Libéré en novembre
Lula a été libéré le 8 novembre dernier de la prison de Curitiba, dans le sud du pays. A sa sortie, l'ancien président a été accueilli par une véritable marée rouge de militants de gauche et il a salué la foule d'un poing levé
Luiz Inacio Lula da Silva avait été incarcéré après avoir été condamné à 8 ans de prison pour corruption, même s'il a toujours clamé son innocence. Mais la justice l'a libéré après une décision de la Cour suprême.
Incarcéré depuis avril 2018, l'ex-chef d'Etat a ainsi passé une année et demi en prison.