"Les premiers résultats ont été obtenus en stabilisant la situation et en renversant la tendance à Wuhan et au Hubei", la province environnante, où quelque 56 millions d'habitants sont placés en quarantaine depuis fin janvier, a dit Xi Jinping, cité par l'agence officielle Chine nouvelle.
Masque sur le visage, le président chinois s'est rendu dans l'hôpital construit en dix jours pour accueillir les malades et a dialogué, à bonne distance, avec des malades et du personnel soignant par le biais d'une visioconférence. Il s'est également rendu dans un quartier résidentiel de Wuhan pour parler avec des habitants en quarantaine.
Des chiffres encourageants
La venue de Xi Jinping intervient après l'annonce le jour même par le ministère de la Santé de chiffres encourageants pour la Chine, avec seulement 19 nouvelles contaminations au cours des dernières 24 heures.
Cette chute spectaculaire par rapport aux centaines de contaminations annoncées quotidiennement en février est vue comme un signe que les mesures drastiques de confinement portent leurs fruits.
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Levée partielle des restrictions
La province du Hubei a dans le même temps annoncé une levée partielle des restrictions aux déplacements de ses habitants. Une application mobile délivrera aux utilisateurs des codes QR symbolisant leur état de santé. L'obtention d'un code "vert" dans des zones moyennement ou faiblement touchées permettra de voyager à l'intérieur de la province.
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Les habitants ne sont toutefois pas encore autorisés à quitter le Hubei, et la mesure ne s'applique apparemment pas à Wuhan, le chef-lieu provincial.
Faire taire les critiques
Cette visite officielle de Xi Jinping traduit non seulement la confiance du Parti communiste, qui estime à présent voire le bout du tunnel, mais elle sert aussi la propagande du gouvernement central, soucieux de brandir la victoire pour prouver au peuple l’efficacité des mesures drastiques adoptées dans l'urgence, et la grandeur, la robustesse du système chinois qui s’en sort là où de puissants Etats étrangers pataugent encore, à l’image des Etats-Unis notamment.
Le parti espère désormais éclipser les critiques internes concernant sa réponse tardive. Les autorités locales ont en effet caché l’irruption du virus et fait taire les lanceurs d’alerte. Zhong Nanshan, épidémiologiste chinois et figure de la crise, l’affirmait il y a quelques jours encore: le nombre d'infections aurait pu être divisé par deux si le gouvernement était intervenu ne serait-ce que 5 jours plus tôt.
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gma/mp avec afp
La Chine reste en état d’alerte
Malgré les chiffres encourageants, Xi Jinping s’est gardé de crier victoire à Wuhan. Plus de 15'000 personnes sont encore hospitalisées en Chine. Si le nombre - officiel - de nouveaux cas dans le pays est au plus bas depuis le début de la crise, le pouvoir reste sur ses gardes.
Il tente de relancer l’économie, à l’arrêt depuis des semaines. Des millions de travailleurs migrants doivent encore quitter leurs campagnes pour rallier leurs entreprises dans les régions côtières. Ce mouvement de population fait craindre de nouvelles infections.
Il y a aussi l’effet boomerang: les contaminations de l’étranger. Depuis quelques jours, la Chine fait état d’infections liées à des voyageurs arrivés de zones contaminées. Des mesures de contrôles strictes sont apparues dans les gares et les aéroports. Entrer sur le territoire est devenu compliqué, on se trouve donc loin d’un retour à la normale.