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Le pouvoir chinois souhaite faire oublier l'origine du coronavirus

Des gardes de sécurité contrôlent la températures des passants, ce 10 février 2020 à Guangzhou, en Chine.
La Chine veut faire oublier l'origine du coronavirus / Tout un monde / 4 min. / le 12 mars 2020
Depuis plusieurs jours, les autorités chinoises martèlent un nouveau message concernant le Covid-19: il ne serait pas prouvé que le virus a débuté en Chine. Le Parti communiste a mis son bureau de la propagande en alerte pour corriger une information peu flatteuse envers Pékin.

Le Parti communiste chinois (PCC) a déjà prouvé son habileté à effacer la réalité en faisant par exemple disparaître de la mémoire collective le massacre de Tiananmen en 1989.

Cette fois-ci, le pouvoir chinois s'attelle à un défi de taille: gommer l'origine de ce qui est désormais officiellement non plus une épidémie, mais une pandémie.

"Si les premiers cas sont bel et bien apparus dans la ville chinoise Wuhan, rien ne prouve l'origine du virus dans le pays (...) sa source reste à ce jour inconnue", a ainsi expliqué le ministère chinois des Affaires étrangères la semaine dernière.

Depuis, la presse officielle et les diplomates répètent en boucle cette version. Certains journalistes étrangers ont même été mis en garde: parler du "virus chinois" ou associer la naissance du coronavirus à la Chine revient à politiser de manière irresponsable l'épidémie.

Un virus qui a débuté hors de Chine? Une théorie improbable

Mais pour de nombreux scientifiques chinois, imaginer que le Covid-19 ait pu se développer hors de Chine est improbable. Le responsable chargé de la lutte contre le virus à Shanghai a notamment dénoncé dans la foulée l'incohérence de cette théorie: "Si le virus avait été importé de l'étranger, les infections en Chine ne se seraient pas concentrées à Wuhan, le berceau de l'épidémie qui abrite l'écrasante majorité des cas. Les infections auraient été détectées de manière uniforme sur l'ensemble du territoire".

Des propos publiés dans la presse locale et rapidement censurés.

Ne pas être perçu comme responsable

Alors pourquoi le pays nie l'évidence alors que la presse officielle et le gouvernement ont longtemps considéré la source du virus comme étant un marché aux animaux de Wuhan?

Il s'agit sans doute pour Pékin et, comme souvent, de protéger son image. Le gouvernement ne veut pas être vu comme responsable de la pandémie mondiale actuelle ou encore de la récession économique globale qui pointe à l'horizon.

Il faut rappeler que le Parti communiste a tardé à agir dans cette affaire: les premiers cas sont apparus début décembre et ont été cachés par les autorités locales pendant de longues semaines, faisant taire les lanceurs d'alerte.

Des responsables qui ont depuis été limogés mais qui ont eu le temps de laisser entendre que le gouvernement central était au courant de tout. Et pourtant, Pékin n'a pas eu de réaction avant la fin du mois de janvier.

Or, selon Zhong Nanshan, scientifique reconnu notamment pour avoir découvert le SRAS en 2002 et désormais responsable de la cellule de crise nationale, une réaction plus rapide aurait pu limiter la propagation. Dans une étude publiée sur la propagation du virus à la fin du mois de février, l'expert estime que "si des mesures chocs avaient été prises ne serait-ce que cinq jours plus tôt, le nombre total d'infections aurait pu être divisé par trois".

MP

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La réponse du gouvernement chinois cité en exemple

Malgré les retards à l'allumage, la réaction du gouvernement chinois est depuis cité en exemple. Le confinement géant de 60 millions de personnes dans la province du Hubei a vraisemblablement porté ses fruits.

Le dispositif a été loué par l'Organisation Mondiale de la Santé, qui se garde en revanche de critiquer Pékin sur la gestion initiale de la crise.

Une bienveillance sur laquelle surfe aujourd'hui la Chine au moment où l'Europe et les Etats-Unis font face à une explosion de cas. Du pain béni pour le régime qui peut désormais pointer les lenteurs, les difficultés voire les cafouillages occidentaux pour mettre en avant la supériorité de son système de gouvernance.

La Chine a d'ailleurs pu offrir son aide et proposer d'envoyer des équipes d'experts en Iran mais aussi en Irak et en Italie. Face à une pénurie de matériel, cette dernière a d'ailleurs appelé Pékin au secours.