La pression s'est accrue tout au long du week-end pour que le gouvernement britannique précise sa stratégie face au coronavirus. C'est désormais chose faite: Boris Johnson a recommandé lundi aux Britanniques de limiter les contacts non essentiels, d'éviter d'aller au pub et de travailler à distance lorsque c'est possible. Le Premier ministre a aussi demandé aux plus vulnérables, les plus de 70 ans et les femmes enceintes notamment, de rester à l'écart pendant au moins 12 semaines.
Mais alors que le reste de l'Europe se barricade et que certains pays comme l'Espagne et l'Italie vont même jusqu'à confiner leur population, le Royaume-Uni se contente à ce stade de conseils et refuse de fermer les établissements scolaires. "Nous n'excluons pas de fermer les écoles si nécessaire, mais nous le ferons au bon moment", a précisé lundi Patrick Vallance, le conseiller scientifique du gouvernement britannique.
Nous voulons avoir la meilleure réponse du monde
Pour l'instant, les seules moyens déployés pour éviter que les plus jeunes ne propagent le virus sont donc des incitations à ne pas se rassembler et à rester chez soi pour les plus âgés ou pour les malades et leur entourage.
Un attentisme assumé
Dimanche, le Royaume-Uni faisait état de 1372 cas et de 35 morts. Un chiffre qui devrait désormais doubler chaque cinq jours, selon le gouvernement qui refuse pourtant de mettre en place des mesures drastiques.
Cette politique controversée fait l'objet de bien des discussions dans le pays ces derniers jours avec un écho particulier sur les réseaux sociaux. De nombreuses voix se sont élevées pour demander s'il était bien normal que le semi-marathon de Bath puisse avoir lieu alors que d'autres nations annulaient les événements publics de plus de 50 personnes.
Dans une lettre ouverte adressée au gouvernement, 245 scientifiques et mathématiciens ont dénoncé le projet de parvenir à une "immunité collective", la stratégie sur laquelle mise le gouvernement de Boris Johnson. Elle consiste à retarder les mesures visant à empêcher la propagation du virus. D'après les estimations des experts cités par le gouvernement, il faudrait que 60% de la population britannique soit infectée pour qu'une réponse immunitaire suffisante se développe et permette d'éviter une nouvelle épidémie.
Un contexte tendu
Pour les signataires de la lettre, avec une augmentation des infections au même rythme qu'en Italie, le Royaume-Uni se retrouvera - en l'absence de mesures adéquates - avec des milliers de malades en quelques jours. Or, une telle éventualité mettrait le NHS, le système de santé public britannique, en difficulté et ce dans un contexte tendu par les négociations du Brexit avec l'Union européenne.
Est-ce ces voix dissidentes que le chef du gouvernement a commencé à entendre lundi? Ou ses annonces suivent-elles un calendrier préétabli, avec un retard volontaire? Car Boris Johnson n'est pas dupe. Il y a quelques jours, il avait qualifié le coronavirus de "pire crise de santé publique de la génération" et annoncé de but en blanc: "Préparez-vous à perdre vos proches bien aimés".
Juliette Galeazzi