Il y a cinq ans jour pour jour, mercredi, deux terroristes armés de Kalachnikovs et de grenades pénétraient dans le Musée du Bardo à Tunis, à deux pas du Parlement. Ils commettaient un véritable massacre, tuant 21 touristes et un agent de sécurité. La Tunisie découvrait alors les attentats de masse et d'autres suivront la même année.
Mais depuis cette terrible année 2015, la sécurité s’est considérablement améliorée en Tunisie et plus aucun attentat de ce type n'a été commis.
Une loi digne du régime de Ben Ali
Pourtant, le texte en préparation est de ceux que n’aurait pas renié le régime policier de l’ex-dictateur Ben Ali: tout citoyen, journaliste, lanceur d’alerte ou défenseur des droits humains qui critiquerait le travail des forces de l’ordre risquera deux ans de prison. Les forces de l’ordre pourront par ailleurs utiliser la force létale pour protéger de simples bâtiments - donc sans même être en situation de devoir protéger des vies humaines.
La société civile dénonce, en vain, une loi indigne d’une démocratie. "C’est une loi extrêmement dangereuse parce qu’elle porte atteinte à plusieurs droits essentiels: le droit à la liberté d’expression, le droit à la vie, à l’accès à l’information… Il s’agit d’une loi très, très, répressive", relève Amna Guellali, de l’ONG Human Rights watch à Tunis, dans La Matinale.
Vers le retour à un Etat policier
"On ne pourra plus filmer des policiers en train de tabasser des manifestants lors des manifestations ni dénoncer leurs abus et violations des droits humains. Donc on est vraiment dans une loi de préparation à un Etat policier", déplore cette militante.
Cette loi devrait pourtant facilement passer la rampe du Parlement. Le pays a été traumatisé par les attentats au point de risquer de perdre les rares avancées démocratiques acquises depuis la révolution de 2011.
Maurine Mercier/oang