L'histoire du Kitzloch, bar d'après-ski populaire de la station d'Ischgl, elle-même réputée pour sa vie nocturne, pourrait à elle seule illustrer la pertinence et l'importance des consignes de sécurité dans cette épidémie de coronavirus.
Le 7 mars dernier, un serveur du bar, un Allemand de 36 ans, est testé positif au Covid-19. Les autorités placent alors en quarantaine 22 personnes de son entourage, mais décident de ne pas fermer le bar, jugeant la contamination par ce biais "peu probable".
Flottement lourd de conséquences
Résultat: l'établissement se serait alors mué en foyer infectieux important dans ce village du Tyrol. La station d'Ischgl aurait ensuite contribué à la contamination de centaines de ressortissants de pays scandinaves, participant lourdement à la propagation de la pandémie dans ces pays.
Car les chiffres sont éloquents. Sur 1423 cas recensés en Norvège, 531 seraient liés à l'Autriche, tandis qu'au Danemark, plus d'un quart des cas avérés proviendraient de la station autrichienne.
Le bar a été fermé le 10 mars, et la station entière deux jours plus tard. Mais les autorités du Tyrol sont vivement critiquées pour leur réaction tardive, d'aucun leur reprochant d'avoir voulu privilégier des intérêts économiques à la santé publique.
Si ces accusations ont été rejetées par les autorités, le gouverneur du Land, Günther Platter, a reconnu mardi soir pour la première fois, à demi-mots, que des erreurs avaient pu être commises, indiquant sur sa page Facebook, que "faire tout juste dans cette crise inédite est impossible".
L'Autriche stricte mais disciplinée
Depuis mardi, l'ensemble du Land du Tyrol est considéré comme une zone à risque, et toutes les communes de la région ont été placées en quarantaine stricte mercredi soir.
Au total, 1646 contaminations recensées en Autriche, qui a mis en place les mesures parmi les plus drastiques en Europe, mais globalement bien respectées par la population.
Le gouvernement écolo-conservateur a par ailleurs annoncé un plan d'aide de 38 milliards d'euros face à, selon les termes du vice-chancelier, "la plus grande crise depuis la seconde guerre mondiale.
Isaure Hiace/jop