"Notre priorité est de sauver des vies et la santé publique, c'est pourquoi nous avons imposé plus tôt que d'autres pays européens des mesures extraordinaires (...) pour limiter l'expansion du virus et renforcer le système de la santé", a souligné le Premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis.
Dès le premier mort dans le pays le 12 mars, et avec à peine 117 cas de Covid-19, le gouvernement grec a pris une série de mesures drastiques: fermeture des écoles, universités, crèches, des cinémas, théâtres et lieux de divertissement. Il est encore monté en puissance les jours qui ont suivi en fermant les musées et sites archéologiques, les bars et restaurants, les commerces et les hôtels.
Moins de 500 personnes testées positives
Depuis dimanche dernier, les voyageurs arrivant de l'étranger sont placés en quarantaine pour 14 jours. Les amendes en cas de violation des consignes s'élèvent jusqu'à 5000 euros. Jeudi, une semaine après les premières mesures, le nouveau coronavirus avait fait six morts et contaminé officiellement 464 personnes en Grèce sur une population de 10,7 millions d'habitants.
"La Grèce a pris des mesures à temps, l'exemple de l'Italie voisine a choqué tout le monde", explique Kyriakos Souliotis, professeur de politique de la santé à l'Université du Péloponnèse.
Système de santé ruiné par la crise de la dette
Le pays n'avait pas d'autre choix que "de réagir rapidement avant que les cas se multiplient et que les hôpitaux soient surchargés. Son système sanitaire avec ses problèmes chroniques est très affaibli après la crise de la dette" (2010-2018), observe Penny Zorzou, spécialiste des maladies infectieuses à l'hôpital de l'île de Chios.
"L'objectif est de gagner du temps avec des mesures sévères pour éviter la multiplication soudaine des cas de coronavirus" et éviter "l'écroulement" éventuel du système de santé, estime-t-elle encore.
La fuite des médecins vers l'étranger
Pendant la crise, les coupes dans les dépenses publiques et la fuite à l'étranger de centaines de milliers de Grecs, dont de nombreux médecins, ont lourdement impacté le secteur public de santé qui peine à se redresser. "Le pays ne dispose que de la moitié de la moyenne européenne du nombre de lits dans les unités de soins intensifs", précise Kyriakos Souliotis.
Les hôpitaux manquent de personnel et d'équipements sanitaires essentiels. Des experts ont souligné la pénurie de tests de dépistage au Covid-19. Certains analystes dénoncent aussi le caractère prohibitif et sélectif des tests en Grèce, ce qui empêche d'avoir une image globale de la situation à travers le pays.
Les migrants, "véritable bombe" sanitaire
Autre casse-tête pour Athènes: les dizaines de milliers de migrants entassés dans des camps sordides. Pour le porte-parole du gouvernement Stelios Petsas, selon lequel les risques de propagation du coronavirus sont plus élevés quand les migrants sont libres de se déplacer, il s'agit d'une véritable "bome sanitaire".
Pour l'heure, aucun cas de coronavirus n'a été enregistré dans les camps. Mais des restrictions ont été imposées dès cette semaine sur les déplacements des migrants, qui ne sont plus autorisés qu'à sortir en petits groupes sur des tranches horaires définies. Les visites dans les camps sont également réduites au minimum.
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afp/oang
Première suspicion chez des migrants
Quelque 190 migrants échoués depuis lundi sur l'île touristique de Kea en mer Egée se trouvaient jeudi en quarantaine dans un hôtel abandonné du port en raison d'une suspicion de coronavirus au sein du groupe, a-t-on appris auprès du maire adjoint de Kea.
Le pétrolier passeur sur lequel ils se trouvaient s'est échoué lundi pendant une tempête dans le port de Kea.
Parmi les 190 réfugiés, dont 38 mineurs, originaires en majorité d'Afghanistan, d'Iran et de Somalie, une personne présentant de la fièvre a été évacuée à Athènes pour subir un test de coronavirus.