Le géant d'Asie du Sud est complètement à l'arrêt depuis l'entrée en vigueur mercredi d'un confinement national de trois semaines pour tenter de limiter la propagation du coronavirus. Les trains sont stoppés, les avions ne volent plus et les frontières entre les différents Etats scellées.
L'Inde dénombrait officiellement vendredi matin 724 cas confirmés de Covid-19 et 17 morts. Mais les experts jugent ce nombre grandement sous-estimé en raison de la faible quantité de tests réalisés.
"L'énorme problème" du harcèlement des soignants
Une autre préoccupation vient des nombreuses agressions de personnes travaillant dans des secteurs essentiels qui ont été signalées ces derniers jours dans ce pays de 1,3 milliard d'habitants. Le phénomène a pris une telle ampleur que même les responsables politiques indiens s'en alarment. Le Premier ministre Narendra Modi a évoqué en personne "l'énorme problème" du harcèlement de soignants.
Médecin dans la ville de Surate (Gujarat, ouest), Sanjibani Panigrahi a été accostée à son retour à la maison après une longue journée de travail dans un hôpital traitant des patients contaminés par le coronavirus. Ses voisins l'ont bloquée à l'entrée de son appartement et l'ont menacée de "conséquences" si elle continuait à travailler, raconte-t-elle. "Les gens ont peur. Je comprends. Mais c'est comme si soudain j'étais devenue une intouchable".
Des médecins jetés à la rue
Cette semaine, des docteurs du All India Institute of Medical Sciences de New Delhi, hôpital public le plus renommé du pays, ont sollicité l'aide du gouvernement suite à l'expulsion de soignants de leur domicile par leur propriétaire ou le syndicat de copropriété. "De nombreux docteurs sont à la rue avec leurs valises, nulle part où aller, à travers le pays", ont-ils écrit dans une lettre ouverte.
Après avoir rencontré des médecins et infirmiers, Narendra Modi a appelé les Indiens à cesser de les traiter comme des parias, qualifiant leur travail de "quasi-divin". "Ce sont actuellement les personnes qui nous sauvent de la mort, qui mettent leur vie en danger", a déclaré le chef de gouvernement.
Mais les soignants ne sont pas les seuls à se retrouver ostracisés dans ce climat de suspicion où rumeurs et infox prolifèrent. Certains portails de vente en ligne ont cessé leurs livraisons en partie à cause de l'hostilité rencontrée par leurs équipes. Dans au moins un incident, la police est accusée d'avoir frappé un livreur qui acheminait des médicaments.
Equipages traités comme des pestiférés
Des employés de compagnies aériennes ou d'aéroports, mobilisés pour ramener des ressortissants indiens bloqués à l'étranger ou gérer des cargaisons de fret, se retrouvent également comme pestiférés. Deux des plus grandes compagnies aériennes du pays, Air India et Indigo, ont publié des communiqués condamnant les attaques contre leurs équipes. L'Association des pilotes indiens de vols commerciaux, elle, a reçu plus de 50 plaintes de la part de membres d'équipages.
"Des employés de compagnies aériennes se voient interdire l'entrée à leur propre résidence par des gardes de sécurité", décrit le secrétaire général de l'association. "Nous avons des familles et des enfants que nous laissons à la maison pour aider nos concitoyens", se désole-t-il, "le minimum que nous attendons pour nos collègues est qu'ils ne soient pas harcelés et ostracisés".
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afp/oang
La France confrontée au même phénomène
Les applaudissements de la population pour remercier le personnel soignant sont devenus un rituel dans beaucoup de pays touchés par la crise sanitaire liée au nouveau coronavirus.
Pourtant, dans différents et pays et notamment en France, des infirmiers et des infirmières témoignent d’incivilités voire d’hostilité à leur égard. Ces incidents sont minoritaires mais mal vécus par le milieu médical.
>> Ecouter à ce propos le récit d'un représentant syndicaliste dans le 12h30: