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Robert Mardini: "Il est dans notre intérêt à tous de coopérer aujourd'hui"

Robert Mardini, nouveau directeur du CICR (vidéo)
Robert Mardini, nouveau directeur du CICR (vidéo) / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 10 min. / le 31 mars 2020
La pandémie de coronavirus complique encore plus le travail humanitaire dans les zones de conflit. Invité mardi dans La Matinale, le nouveau directeur du CICR Robert Mardini illustre l'ampleur de la tâche et lance un appel d'urgence pour prévenir la propagation de la maladie.

En l'espace de quelques semaines, le nouveau coronavirus est devenu l'ennemi mondial à abattre. Aux quatre coins du globe, les Etats concentrent leur attention sur la prévention, le traitement des malades, mais aussi les plans de relance économique.

Dans les pays en conflit, la crise sanitaire s'ajoute au drame humanitaire entre frontières fermées. Le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, qui réunit le CICR et la fédération des 192 sociétés nationales, a lancé jeudi dernier un appel d’urgence conjoint pour réunir 800 millions de francs.

"La somme est modeste par rapport aux besoins réels, mais il s'agit d'un appel préliminaire", précise mardi dans La Matinale le nouveau directeur du CICR, Robert Mardini. Les dons permettront ne serait-ce que d'assurer un accès à l'eau, à la nourriture et aux soins. "Il est dans notre intérêt à tous de coopérer aujourd'hui."

"Certains groupes armés ont entendu cet appel"

Parmi les pays qui inquiètent le plus l'organisation, il y a la Syrie et son million de déplacés à la frontière turque, ou encore le Yémen, théâtre de l'une des pires crises humanitaires qui ait jamais existé selon l'ONU. A cause du coronavirus, qui commence à s'étendre sur certains territoires en guerre, le conflit s'est davantage complexifié.

Le secrétaire général des Nations unies a appelé à un cessez-le-feu mondial pour soulager les communautés menacées, fluidifier la logistique et protéger les travailleurs humanitaires, eux aussi en danger. "Certains groupes armés ont entendu cet appel, car le dialogue est établi avec eux depuis longtemps", explique Robert Mardini. "Mais aucun de ces conflits n'a été résolu, et certains deviennent hélas encore plus compliqués à résoudre."

Mesures de prévention d'urgence

Aucun répit pour le CICR, qui doit déjà penser à l'après-crise. "Cette pandémie nous pousse à repenser certains de nos processus. Nous avons déjà transformé notre façon de travailler", assure son dirigeant, toujours optimiste malgré l'ampleur du défi. "Il faut assurer la continuité de notre travail."

Selon lui, l'urgence pour ces pays en guerre se situe à plusieurs niveaux de prévention. "Il faut vraiment augmenter la réponse humanitaire et prioriser les mesures pour éviter au maximum que le virus ne se propage dans les prisons ou les camps de déplacés."

D'autres appels aux dons complètent les mesures des gouvernements. Lundi, les économistes de l'ONU ont demandé 1500 milliards de dollars pour les pays en développement et l'annulation de leur dette à hauteur de 1000 milliards pour les aider à faire face à la pandémie.

>> Lire aussi : L'ONU demande d'injecter 1500 milliards dans les pays pauvres. Point de situation dans le monde

Propos recueillis par David Berger

Adaptation web: Alexia Nichele

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