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Certains produits médicaux importés de Chine sont de très mauvaise qualité

Des employées de l'Institut Pulmonaire de Farkasgyepu examinent les paquets d'équipement protecteur qui viennent de leur être livrés. Hongrie, le 31 mars 2020. [Keystone/epa - Tamas Vasvari]
La qualité défaillante de certains produits médicaux récemment importés de Chine / Forum / 4 min. / le 31 mars 2020
Masques, gants, coiffes, blouses de protection, etc. arriveront prochainement à Genève. Ce matériel médical est affrété depuis la Chine par des acteurs privés pour soulager les besoins des hôpitaux romands. Mais avant même la mise en place de ce pont aérien, plusieurs pays se plaignent de la piètre qualité des produits sanitaires fabriqués en Chine.

En pleine lutte contre le coronavirus, le matériel vient à manquer dans de nombreux établissements hospitaliers. Les stocks de masques, de blouses et autres protections médicales ont souffert.

En début de semaine prochaine, un 747 affrété par des acteurs du secteur privé, en provenance de Shanghai, atterrira à Genève (lire encadré) rempli du précieux matériel.

Toutefois, de nombreux pays sont mécontents de certains produits médicaux importés de Chine. Les incidents se multiplient : les Pays-Bas, l'Espagne, la République Tchèque, la Turquie ou encore les Philippines ont récemment signalé des problèmes.

Masques poreux, tests défectueux

Les autorités néerlandaises ont par exemple dû rappeler ce week-end 600'000 masques qu'elles avaient distribuées à différents hôpitaux du pays. Malgré une certification garantissant le filtrage de 95% des particules d'air, des tests ont révélé leur porosité.

Les principaux fabricants mondiaux de masques de protection se trouvent en Chine. [EPA/Keystone - Stringer]
Les principaux fabricants mondiaux de masques de protection se trouvent en Chine. [EPA/Keystone - Stringer]

Leur dimension a aussi été jugée inadéquate, ne permettant pas d'épouser complètement les contours du visage.

Les autres pays, à l'image de l'Espagne, se sont plaints de tests de dépistages défectueux. Madrid a fait état d'un lot reçu dont 70% des tests débouchaient sur un faux diagnostic; elle a exigé le remplacement du matériel livré.

L'ambassade de Chine en Espagne s'est empressée de réagir, précisant que le fournisseur des tests incriminés – l'entreprise Bioeasy, basée à Shenzhen – ne figurait pas sur la liste officielle recommandée par le ministère chinois du Commerce. Si la société n'a effectivement pas homologué ses tests en Chine, elle est cependant au bénéfice d'un certificat de conformité l'autorisant à commercialiser ses produits en Europe.

Une jungle industrielle chinoise

Avant la pandémie de Covid-19, la Chine s'imposait déjà comme un acteur incontournable de la chaîne d'approvisionnement médical. L'empire du milieu produisait par exemple plus de la moitié des masques vendus dans le monde. Un phénomène de dépendance fortement accentué en cette période de crise sanitaire.

Face à la demande domestique, puis mondiale, la machine industrielle chinoise s'est donc mise en branle. Les usines existantes ont drastiquement accru leur capacité de production.

Simultanément, plusieurs grandes et petites entreprises en tout genre ont rejoint l'effort de guerre, se mettant à leur tour à produire du matériel médical. BYD, l'un des principaux constructeurs automobiles chinois, ou des sous-traitants d'Apple ont par exemple adapté leurs chaînes de production pour fabriquer des masques.

De nombreuses sociétés actives dans des domaines allant de l'alimentation à la chimie se sont quant à elles converties à la fabrication de tests de dépistage. Une jungle difficile à défricher pour les autorités chinoises de régulation.

Nombre de ces entreprises ont en revanche renoncé à faire homologuer leurs produits en Chine en raison des procédures longues et fastidieuses… Interrogés par le South China Morning Post, quotidien de référence hongkongais, certaines déclarent s'être rapidement tournées vers le nouveau foyer de la pandémie : l'Europe… Selon le journal, 102 de ces entreprises auraient déjà obtenu le certificat européen de conformité sans pour autant que leurs produits ne soit reconnu en Chine.

La Chine tente de contrôler

Ces incidents récents tombent mal pour Pékin actuellement engagée dans sa "diplomatie du masque". La Chine tente de redorer son image par des dons et des ventes à l'internationale. Une opération de communication destinée à faire oublier la gestion initiale de la crise par les autorités du pays. Ces dernières ont en effet tardé à agir, faisant taire les lanceurs d'alerte, favorisant la propagation du virus. 

>> Lire : Le pouvoir chinois souhaite faire oublier l'origine du coronavirus

Or, des livraisons de matériel de mauvaise qualité vont à l'encontre de ces efforts. Le ministère chinois des Affaires étrangères a mis en garde contre toute tentative de "politiser" les inquiétudes au sujet de la qualité de ses produits médicaux. Pékin a en outre réitéré sa volonté de renforcer les contrôles.

Les autorités ont dressé une liste de fournisseurs reconnus et recommandent aux différents pays de se tenir à cette seule liste pour passer commande.

Sujet radio: Michael Peuker

Adaptation web: Stéphanie Jaquet

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Quel risque pour le matériel importé à Genève?

Les risques sont limités selon Vincent Subilia, le co-instigateur du projet de pont aérien et directeur de la chambre de commerce, d'industrie et des services de Genève.

Contacté mardi matin par RTSinfo, il souligne la collaboration étroite avec les autorités chinoises. L'entreprise Sinopharm, une entreprise d'Etat, a fourni le matériel; la cargaison est en train d'être inspectée à Shanghai par la société SGS, un des leaders mondiaux du contrôle de qualité.

"Toutes les mesures de précautions ont été prises", rassure Vincent Subilia qui souligne encore la coopération des représentations suisses en Chine.