Le chef de l'Etat Giorgio Napolitano a annoncé qu'il "réservait
sa décision" sur la démission du chef de gouvernement nommé le 16
mai dernier et entamerait dès jeudi des consultations politiques,
selon un communiqué de la présidence. A l'issue de ces entretiens,
le président peut décider de maintenir sa confiance au chef du
gouvernement sortant, choisir une autre personnalité de la
majorité, opter pour un gouvernement technique ou dissoudre le
Parlement et donc provoquer de nouvelles élections.
Fragilité mise à jour
Les sénateurs ont désapprouvé mercredi le programme de politique
étrangère du gouvernement Prodi, notamment la mission militaire
italienne en Afghanistan. Le vote était purement consultatif mais
le ministre des Affaires étrangères Massimo D'Alema avait expliqué
un peu plus tôt que le gouvernement devrait démissionner s'il ne
remportait pas ce vote. La majorité requise pour faire adopter la
motion de la majorité était de 160 voix. Le gouvernement n'en a
obtenu que 158 et 136 sénateurs ont voté contre.
Massimo D'Alema avait dramatisé l'enjeu du vote de mercredi dans
l'espoir de rallier l'aile radicale (communistes et Verts) de la
majorité. Lors du sommet italo-espagnol d'Ibiza mardi, il avait
averti qu'en cas d'échec, le gouvernement «rentrerait à la maison»,
selon la presse italienne.
Division sur l'Afghanistan
Avant le vote des sénateurs, Massimo D'Alema était longuement
intervenu pour expliquer les orientations de sa politique, en
particulier sur deux sujets qui sont des pommes de discorde avec la
gauche radicale: l'engagement de 2000 soldats italiens en
Afghanistan et le feu vert contesté de l'élargissement d'une base
américaine à Vicenza.
La mission de paix en Afghanistan est «une mission politique et
civile», «pas une mission de l'OTAN mais de l'ONU», avait-il
souligné. Il a exclu le départ des soldats italiens, réclamé par la
gauche radicale.
Sur la base américaine de Vicenza, le ministre avait souligné
qu'un refus de Rome sur l'élargissement de la base auquel Romano
Prodi a donné son feu vert en janvier, aurait été un «acte hostile»
envers les Etats-Unis. Au moins 80 000 personnes ont manifesté
samedi contre cet élargissement à l'appel des pacifistes, des
communistes et des Verts.
agences/sun
Victime des commu- nistes pour la 3e fois
Le gouvernement Prodi ne dispose que d'une voix de majorité au Sénat et doit compter sur les voix des sept sénateurs à vie dont le vote est fluctuant.
Il a été victime mercredi pour la troisième fois dans sa carrière politique de la défection de ses alliés communistes. «C'est un film que nous avons déjà vu», a commenté un responsable.
Mercredi, la coalition de gauche a obtenu 158 voix alors que la majorité requise était de 160 voix.
Les deux voix qui auraient pu sauver la majorité sont celles des sénateurs Fernando Rossi, élu sous les couleurs des communistes du PDCI, et Franco Turigliatto, membre des communistes du PRC.
Les élus, présents au Sénat, se sont abstenus de voter, entraînant ainsi la mise en minorité du gouvernement de Romano Prodi.
Romano Prodi, vainqueur des législatives de 1996, avait déjà été contraint en octobre 1997 de présenter sa démission après le vote d'opposition des communistes du PRC au projet de budget.
Il avait été chargé de former un nouveau gouvernement et était revenu devant le Parlement où il avait obtenu la confiance après un accord avec le leader du PRC, Fausto Bertinotti.
Un an plus tard, en octobre 1998, M. Prodi avait échoué à obtenir un vote de confiance après la défection du PRC et avait présente sa démission. Il avait été remplacé à la tête du gouvernement par son allié, Massimo D'Alema, aujourd'hui ministre des Affaires étrangères.