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Violents heurts à la gare du Nord à Paris

Des dizaines de casseurs ont provoqué cette semaine des troubles à la gare du Nord
Des dizaines de casseurs ont provoqué des troubles à la gare du Nord
Le spectre des violences urbaines a surgi dans la présidentielle française après des affrontements dans une gare parisienne. Les adversaires de Nicolas Sarkozy stigmatisent son action au ministère de l'Intérieur.

Les heurts, qui ont duré plusieurs heures, ont éclaté mardi
après-midi après l'interpellation mouvementée par des gendarmes
d'un usager du métro circulant sans billet dans la gare du Nord, où
de nombreux trains opèrent notamment la jonction entre la capitale
et des banlieues défavorisée.



Des groupes de jeunes, dont beaucoup étaient originaires du
Maghreb et d'Afrique noire, ont pris parti pour ce voyageur,
affronté la police et détruit des vitrines et des distributeurs
automatiques. Ces scènes ont rappelé les émeutes qui avaient secoué
les banlieues durant trois semaines à l'automne 2005 et conduit à
l'instauration de l'état d'urgence, et qui restent dans tous les
esprits en France.



Treize personnes ont été interpellées lors de ces incidents qui
ont fait 9 blessés légers, dont huit parmi le personnel de la gare
et un policier, selon la préfecture de police. Lors du Conseil des
ministres, le président Jacques Chirac a demandé au nouveau
ministre de l'Intérieur François Baroin de "faire un point" sur ces
heurts. Celui-ci a indiqué que le resquilleur était "un récidiviste
défavorablement connu des services de la police" et était un
immigré clandestin.

La gauche accuse

Mercredi, Ségolène Royal affirmait que les affrontements de la
gare du Nord montraient "l'échec sur toute la ligne" de la droite
en matière de sécurité depuis 2002, ainsi que l'arrivée de Nicolas
Sarkozy au ministère de l'Intérieur. "Bien évidemment les voyageurs
doivent payer leur billet. Mais qu'un simple contrôle puisse
dégénérer dans un affrontement aussi violent prouve que quelque
chose ne va plus", a-t-elle déclaré.



Hasard du calendrier, Nicolas Sarkozy s'est rendu mercredi à la
gare du Nord, afin d'y prendre le train pour un déplacement de
campagne dans le département du nord. Sur le quai, il a été salué
par quelques policiers, mais il a également rencontré quelques
sifflets en traversant du hall de la gare. L'on a pu entendre à son
passage les mots "récup'", "facho" et "provocateur".

Sarkozy contre-attaque

Avant de prendre son train, le candidat à la présidentielle a
voulu "rappeler que quand il y a des fraudeurs, c'est nos
compatriotes qui ont le moins de moyens et qui payent leur billet
de train ou leur ticket de métro qui doivent financer la fraude".
Pour lui, il est "inadmissible" que le sans-papiers congolais de 32
ans, "non content de vouloir s'exonérer des obligations du simple
citoyen, se rebelle contre les forces de l'ordre. Les émeutes qui
ont été déclenchées ont pris en otage des passagers qui ne
demandaient qu'une seule chose: rentrer chez eux et aller à leur
travail".



"Je ne serai pas du côté des tricheurs, des fraudeurs et des
malhonnêtes, je ne serai pas du côté de ceux qui pensent que pour
se faire entendre, il faut démolir les gares et casser des
équipements publics payés par les contribuables". Pour Nicolas
Sarkozy, "il faut rétablir des valeurs civiques dans notre pays,
les apprendre aux plus jeunes et ne pas accepter des comportements
qui sont vraiment intolérables".

Une idéologie post-soixante-huitarde

Pour le patron de l'UMP, on en est là "parce que depuis des
années une idéologie post-soixante-huitarde a conduit à tolérer
l'intolérable". Et de viser sa rivale socialiste Ségolène Royal:
"Si Mme Royal veut régulariser tous les sans-papiers et si la
gauche veut être du côté de ceux qui ne payent pas leur billet de
train, c'est son droit".



Des opposants à Nicolas Sarkozy insistent sur le fait que la
situation dans les banlieues reste explosive et que Nicolas
Sarkozy, fustigé par nombre de jeunes, ne peut pas s'y rendre en
campagne dans la crainte d'incidents.



ats/ap/bri

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Le spectre des émeutes en 2005

A l'automne 2005, la mort accidentelle dans une ville proche de Paris de deux adolescents d'origine immigrée poursuivis par la police avait déclenché trois semaines d'émeutes dans les banlieues défavorisées où vit une forte proportion d'habitants originaires du Maghreb et d'Afrique noire.

Les violences s'étaient propagées dans tout le pays, conduisant le gouvernement à instaurer l'état d'urgence.

Plusieurs centaines de personnes avaient été blessées, plus de 10'000 véhicules et 300 bâtiments, dont des écoles, incendiés.

La police dans les quartiers sensibles

La semaine dernière, la radio RTL a affirmé que la police anti-émeutes avait reçu la consigne d'éviter les quartiers "sensibles", pour ne pas risquer de provoquer une étincelle qui pourrait embraser de nouveau les banlieues en pleine campagne électorale. La direction de la police a démenti.

Pour le sociologue, Sébastian Roché, "même si un certain nombre de facteurs, comme la frustration de la jeunesse défavorisée, sont toujours présents, nous ne sommes pas dans le même cas de figure qu'en 2005".

"Les émeutes de novembre 2005 ont été déclenchées par un empilement de faits. Nous n'en sommes pas là!".