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A Wuhan, la consécration d’un retour apparent à la normalité

En Chine, la ville de Wuhan est sortie du confinement. Véritable bol d'air pour ses 11 millions d'habitants.
En Chine, la ville de Wuhan est sortie du confinement. Véritable bol d'air pour ses 11 millions d'habitants. / 19h30 / 2 min. / le 8 avril 2020
Berceau de la pandémie, la mégapole de 11 millions d’habitants sort de plusieurs semaines de souffrance et d’isolement. Après 76 jours de quarantaine, la capitale de la province de Hubei, dans le centre de la Chine, retrouve sa liberté de mouvement. Entre euphorie et inquiétude.

"La victoire de Wuhan, c’est celle Hubei et de toute la Chine." Cet apparent retour à la normalité faisait mercredi la Une de tous les médias chinois. Confinée depuis le 23 janvier dernier, Wuhan la martyre – c’est la ville la plus endeuillée de Chine avec un bilan officiel de 2500 morts - sort de plusieurs semaines de confinement et de cauchemar.

A l’arrêt durant trois mois, l'aéroport a rouvert mercredi ses portes, mais pour l’heure, les vols pour Pékin sont encore proscrits. Plus de 50'000 personnes ont pris d’assaut mercredi matin les trains pour retrouver des proches. Mais de nombreuses restrictions et des contrôles très stricts demeurent, car les autorités redoutent le scénario d’une deuxième vague pandémique.

C’est dans cette mégapole qu’est apparu le premier cas, un patient de 55 ans. Une information révélée pour la première fois le 3 janvier par la BBC : un cas dont l’apparition remonterait en réalité au 17 novembre 2019.

Le 9 janvier 2020, le marché couvert de Wuhan est déjà fermé depuis plus d’une semaine lorsque la Chine révèle au monde l’apparition du COVID-19 : une pneumonie virale d’origine inconnue qui a déjà contaminé 59 personnes. Deux jours plus tard, l'OMS confirme l’existence d'un nouveau coronavirus, alors que le premier mort est officiellement annoncé en Chine.

Une onde de choc planétaire

Les événements vont alors se succéder avec fulgurance. L’onde de choc est planétaire. Le 10 mars, l'Italie, le pays européen le plus touché par l’épidémie, entre en confinement total. Le lendemain, l'état de pandémie est déclaré par l'OMS. L'Europe est touchée de plein fouet. Le 13 mars à Genève, le regard sombre et la mine grave, Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS, annonce que "l’Europe est désormais devenue l’épicentre mondial de la pandémie". Le président français Emmanuel Macron appelle dans la foulée au confinement général, évoquant,avec une rhétorique martiale, un pays en état de guerre dans sa lutte contre le COVID-19.

Le 16 mars, la Suisse annonce l’entrée en vigueur de "l’état d’exception" et ferme toutes les écoles du pays. L’armée est mobilisée. Le monde entier se referme sur lui-même. Du jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale.

La crainte d’une "deuxième vague pandémique"

Depuis le 7 avril, aucun nouveau décès n'a été officiellement annoncé en Chine. Mais la prudence demeure. Selon le South China Post, les 600’000 habitants du comté de Jia, à 800 kilomètres de Pékin, ont été invités à se confiner le 31 mars dernier. Aucune explication officielle des autorités, mais le quotidien de Hong Kong évoque l’apparition de nouveaux cas de coronavirus. Pour Pékin, l'objectif stratégique aujourd'hui est "d'éviter à tout prix une deuxième vague de contamination tout en essayant de relancer la machine économique."

Alors que la Chine risque de connaître en 2020 une croissance proche de zéro, l’activité économique reprend peu à peu ses droits. Toute la Chine se remet au travail, mais la prudence demeure. Les écoles, les universités et les karaokés sont toujours fermés. Les frontières du pays le sont aussi, hormis pour les diplomates.

Les contrôles sanitaires demeurent très stricts. Après 76 jours de pandémie, la mairie de Wuhan reste sur le qui-vive. Les habitants doivent se soumettre à des contrôles drastiques. Prise de température et présentation à l’aide de son smartphone d'un code QR vert qui signifie : en bonne santé.

>> Lire aussi : En Chine, des codes couleurs pour classer la population face au coronavirus

Trois mois après la déclaration du premier cas en Chine, plus de la moitié de l’humanité se voit confinée, en lutte avec ce virus né dans un marché couvert de Wuhan. Avec un bilan vertigineux : près d'un million et demi de personnes étaient officiellement contaminées mercredi pour plus de 86'000 morts.

>> Lire : Près de 2000 personnes décédées en une seule journée aux Etats-Unis

Olivier Kohler

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