Après 76 jours de quarantaine stricte, les 11 millions d’habitants de la ville chinoise de Wuhan, berceau de l’épidémie de Covid-19, peuvent la quitter sous certaines conditions: les voyageurs doivent se prémunir d’un certificat de santé. Mais les contrôles stricts sont maintenus.
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La relaxe partielle du confinement symbolise le succès de Pékin, parvenue à endiguer l’épidémie, mais ne signe de loin pas un retour à la normale. Les autorités restent vigilantes face à une résurgence du virus, mais aussi et surtout des critiques. Le parti communiste a ainsi confirmé mercredi l'arrestation de Ren Zhiqiang, un farouche opposant du président Xi Jinping.
Il avait qualifié le président chinois de clown
Alors que Pékin se dédouane de toute erreur et pointe du doigt l'inaction des autorités locales, accusées d’avoir dissimulé l’ampleur de la crise (selon la rhétorique officielle, Xi Jinping en sauveur a pris personnellement les choses en main le 20 janvier dernier), il avait qualifié le président chinois de clown, un clown nu, debout sur un podium et qui tente d'endosser un habit d’empereur pour démontrer sa légitimité et sa capacité à gérer une crise.
On sait en effet aujourd'hui que le président chinois était aux commandes des opérations dès le 7 janvier. Or, qu'a-t-il fait les trois semaines précédant la fermeture de Wuhan? Rien, laisse entendre Ren Zhiqiang, qui dénonce le refus de Xi Jinping de reconnaître ses erreurs.
Disparu après avoir publié un pamphlet
Ren Zhiqiang n’est pas n’importe qui: figure très connectée au pouvoir politique, proche de la frange libérale du parti communiste, ce milliardaire chinois est ce qu'on appelle un prince rouge, le fils d’un révolutionnaire fondateur de la République populaire aux côtés de Mao Zedong. Début mars, il avait publié un pamphlet contre le pouvoir avant de disparaître. La confirmation de sa mise en détention traduit le malaise du pouvoir face à des critiques et laisse entrevoir de possibles dissensions internes au parti.
Xi Jinping reste malgré tout fermement à la barre. Depuis son arrivée à la tête de la Chine, le secrétaire général du parti communiste a accentué la centralisation du pouvoir, s'enchaînant aux institutions et devenant le noyau dur du pays.
Cette influence n’est pas forcément du goût de tout le monde, en témoigne les reproches de Ren Zhiqiang. Certains observateurs n’hésitent d’ailleurs pas à évoquer une crise de légitimité interne du tout puissant président chinois, sur les dents face aux critiques.
Sujet radio: Michael Peuker
Adaptation web: Vincent Cherpillod