"Lever les restrictions trop rapidement pourrait entraîner une résurgence mortelle" de la pandémie, a prévenu le patron de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Il n'est pas le seul à alerter face à tout optimisme précoce et au risque d'une seconde vague pandémique.
"Il faut être très humble et très prudent avec ce virus parce qu'on s'est déjà trompé", prévient en France l'ancien patron de l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) Christian Bréchot.
"On ne voit pas bien avec une pandémie de cette ampleur comment tout pourrait miraculeusement revenir à la normale", ajoute le virologue sur la radio France Info.
Des dates de sortie déjà annoncées
Pourtant en Europe, premier continent touché avec plus de 70'000 décès, plusieurs pays annoncent déjà des levées partielles du confinement.
L'Autriche va rouvrir ses petits commerces après Pâques, estimant avoir suffisamment "aplati" sa courbe des infections. Le Danemark va rouvrir crèches, écoles maternelles et primaires le 15 avril tandis que le gouvernement tchèque a déjà assoupli ses règles.
Ces pays emboîtent le pas à la Chine qui a levé le 8 avril le strict cordon sanitaire entourant Wuhan, ville épicentre de la contamination, et qui semble avoir jugulé son épidémie.
Ailleurs en Europe, l'heure est au respect strict du confinement comme au Royaume-Uni où la vague épidémique déferle avec violence. En Espagne et en Italie, les mesures ont été prolongées. En France, Emmanuel Macron devrait réitérer, lundi soir, le mot d'ordre "Restez chez vous" lors d'une allocution télévisée.
Quels préalables à la sortie du confinement?
Pour le chercheur Christian Bréchot, il existe plusieurs préalables à la levée d'un confinement. En premier lieu avoir une décrue avérée des cas graves de Covid-19 dans les services de réanimation.
Le but est notamment de permettre aux soignants de souffler après l'effort intense qu'ils ont fourni et aux hôpitaux de reconstituer leurs stocks de matériel et produits.
La circulation du virus devra parallèlement avoir chuté dans la population, avec un taux de transmission "R" inférieur à 1, ce qui signifie qu'en moyenne une personne contaminée transmet à moins d'une autre personne (contre 3,3 personnes au début de l'épidémie).
Troisième préalable: la disponibilité en nombre suffisant des masques pour se protéger et des tests pour pouvoir suivre au plus près la circulation du virus.
Nouvelle variable dans cette équation à multiples inconnues: l'arrivée hypothétique de nouveaux outils électroniques pour tracer les contacts des personnes contaminées.
Espérer un freinage estival
Autre inconnue de taille, l'importance du "freinage estival" dans la diffusion du nouveau coronavirus. Les virus respiratoires n'aiment généralement pas l'été. Ainsi, il n'y a pas d'épidémie de grippe après avril dans l'hémisphère nord. Est-ce qu'il en sera de même pour le virus SARS-CoV-2?
L'annonce d'une forte reprise des contaminations, ces derniers jours à Singapour, permettrait d'en douter, la température dans la cité-Etat avoisinant actuellement les 30°.
"S'il n'y a pas de frein estival, alors ça sera plus compliqué" pour sortir du confinement, anticipe l'épidémiologiste Antoine Flahault.
afp/ther
Les seniors confinés jusqu'à la fin de l'année ?
Les contacts des personnes âgées avec leur environnement en Europe vont devoir rester limités jusqu'à au moins la fin de l'année en raison de l'épidémie de coronavirus, a mis en garde la présidente de la Commission européenne.
"Sans vaccin il faut limiter autant que possible les contacts des seniors", notamment ceux qui vivent dans les maisons de retraite, a déclaré Ursula von der Leyen dans le quotidien allemand Bild paru dimanche.
"Je sais que c'est difficile et que l'isolement pèse mais c'est une question de vie ou de mort, nous devons rester disciplinés et patients", a-t-elle dit.