Publié

La CIA passera devant la justice italienne

L'image de la CIA risque de souffrir du procès de Milan
L'image de la CIA risque de souffrir du procès de Milan
Procès sans prédédent en vue en Italie: trente-cinq personnes, dont 26 agents de la CIA, accusées d'avoir participé à l'enlèvement d'un ex-imam égyptien en 2003 à Milan ont été renvoyées devant la justice italienne.

Cet enlèvement est l'un des cas de transfert secret de détenus
dénoncé par le Parlement européen.

Le renseignement italien aussi visé

La décision du juge des audiences préliminaires de Milan,
Caterina Interlandi, concerne aussi le général Nicolo Pollari,
ancien chef des services de renseignement militaire italiens
(SISMI), limogé en novembre pour son implication dans cette
affaire.



Il figure sur la liste des accusés aux côtés, entre autres, des
anciens responsables de la CIA en Italie, les Américains Jeff
Castelli et Robert Seldon Lady, ou de l'ancien numéro 2 du SISMI,
Marco Mancini.

Le procès, sans précédent en Europe en ce qui concerne le nombre
d'agents américains renvoyés devant la justice, débutera le 8 juin,
a ajouté Caterina Interlandi, et il se déroulera par contumace en
ce qui concerne les citoyens américains. Selon la presse italienne,
la majorité des 26 agents a agi sous de faux noms et se trouve
actuellement aux Etats-Unis.

Via la Suisse

L'enlèvement d'Abou Omar est l'un des cas dénoncés par le
rapporteur du Conseil de l'Europe Dick Marty dans son étude sur les
vols secrets de la CIA.



Soupçonné de terrorisme, l'ex-imam égyptien Abou Omar a été enlevé
le 17 février 2003 à Milan par un commando de la CIA aidé par des
agents italiens, selon le parquet de Milan. Transporté via la
Suisse à la base américaine d'Aviano, dans le nord-est de l'Italie,
il a été transféré en Egypte après le rapt, où il a été incarcéré
et affirme avoir subi des tortures (voir
ci-contre
).



Le Conseil fédéral a donné mercredi son feu vert au Ministère
public de la Confédération pour engager des poursuites pénales
contre le survol de la Suisse par les avions de la CIA et le rapt
de l'imam.



Relâché dimanche par les autorités égyptiennes, Abu Omar a annoncé
son intention de porter plainte contre l'ex-chef du gouvernement
Silvio Berlusconi. Il veut obtenir dix millions d'euros de
dommages-intérêts "pour son implication dans l'enlèvement en tant
que chef du gouvernement (à l'époque des faits) et pour avoir
permis à la CIA de le capturer".



agences/het

Publié

Sans ménagement

L'ex-imam égyptien Abou Omar a été enlevé en Italie le 17 février 2003 par des agents de la CIA. Il a raconté son rapt, les coups puis les tortures subis après son transfert en Egypte, dans un document publié par la presse italienne.

Alors qu'il se rendait à pied dans une mosquée de Milan, il est abordé par le conducteur d'une Fiat rouge. "Il a sorti une carte: 'Je suis de la police'. Je lui ai remis mon permis de séjour. Une fourgonnette blanche s'est arrêtée au bord du trottoir. Deux personnes m'ont soulevé. Quand ils m'ont jeté dans la fourgonnette, j'ai essayé de me défendre, ils m'ont donné des coups de poing dans le ventre et sur tout le corps. Ils m'ont attaché les mains et les pieds", a-t-il raconté.

Après un changement de véhicule et plusieurs heures de voyage, Abou Omar comprend au bruit des avions qu'il est arrivé dans un aéroport, en l'occurrence la base américaine d'Aviano, dans le nord de l'Italie, selon la presse.

Au Caire, l'ex-imam affirme avoir été enfermé dans un bâtiment des services secrets. Puis il y a eu les décharges électriques, les coups de poing, les claques". "L'interrogatoire a duré six mois, jusqu'au 14 septembre 2003, il m'a semblé qu'il a duré sept ans."

Un recours pendant

Le gouvernement italien a déposé un recours devant la Cour constitutionnelle. Il estime que le parquet a outrepassé ses droits en procédant notamment à des écoutes téléphoniques de membres du renseignement italien. Si la Cour déclare ce recours admissible, le procès serait vraisemblablement retardé dans l'attente de la décision sur le fond.