"Les règles sont en train de montrer leur efficacité", a dit Emmanuel Macron à l'occasion de sa quatrième prise de parole solennelle depuis le début de la crise du Covid-19 en France, où les premières mesures de confinement remontent au 16 mars.
Mais "le confinement le plus strict doit encore se poursuivre jusqu'au lundi 11 mai", a déclaré le chef de l'Etat. "Le lundi 11 mai ne sera possible que si nous continuons d'être civiques, responsables, de respecter les règles et que si la propagation du virus a effectivement continué à ralentir".
Restaurants et hôtels toujours fermés
Cette date marquera, si tout va bien, un premier allègement encore très partiel des mesures en vigueur. Ainsi les crèches, écoles, collèges et lycées rouvriront "progressivement" à partir du 11 mai, mais dans l'enseignement supérieur, les cours ne reprendront "physiquement pas avant l'été".
Les entreprises rouvriront aussi leurs portes, mais restaurants, cafés et hôtels devront rester fermés, tout comme les musées, alors qu'aucun festival ne sera autorisé avant mi-juillet.
Des masques "grand public"
A partir du 11 mai, en "lien avec les maires, l'Etat devra permettre à chaque Français de se procurer un masque grand public" pour se protéger du coronavirus, a indiqué Emmanuel Macron.
"Pour les professions les plus exposées et pour certaines situations comme dans les transports en commun, son usage pourrait devenir systématique".
Pas de tests systématiques
Lorsque le confinement destiné à lutter contre l'épidémie de coronavirus commencera à être levé en France, le 11 mai, "nous serons en capacité de tester toute personne présentant des symptômes" pour pouvoir mettre les malades en quarantaine, a souligné le chef de l'Etat.
"Nous n'allons pas tester toutes les Françaises et tous les Français, ça n'aurait aucun sens. Mais toute personne ayant un symptôme doit pouvoir être testée. Les personnes ayant le virus pourront ainsi être mises en quarantaine, prises en charge et suivies par un médecin", a-t-il ajouté.
La France "pas assez préparée"
Tirant un premier bilan, le président a reconnu que la France n'était "à l'évidence pas assez préparée" à la crise du coronavirus, qui a révélé "des failles".
Même si "l'épidémie commence à marquer le pas", (...) il y a eu "des insuffisances comme dans tous les pays du monde, nous avons manqué de blouses, de gants, de gel hydroalcoolique, nous n'avons pas pu distribuer autant de masques que nous l'aurions voulu", a-t-il souligné en évoquant des "ratés" dont il faudra "tirer toutes les conséquences en temps voulu".
Déconfinement potentiellement catastrophique
Le déconfinement, déjà amorcé dans quelques pays européens, s'annonce comme une entreprise infiniment délicate en France.
L'opération pourrait s'avérer catastrophique si n'était pas mis en place un système de tests massifs et d'isolement des personnes infectées, selon une étude réalisée notamment par l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) qui laisse entendre qu'il ne pourrait pas intervenir avant fin mai-juin.
"La levée du confinement sans stratégie de sortie entraînerait une deuxième vague écrasant largement le système de santé", selon le résumé de l'étude, mise en ligne dimanche et révélée lundi par Le Monde.
afp/oang
La France "dans une phase de haut plateau"
La France se rapproche du cap des 15'000 décès. Selon un dernier bilan lundi soir, l'épidémie de coronavirus a fait 14'967 morts en France, 574 de plus depuis dimanche.
9588 personnes sont mortes dans les hôpitaux (335 de plus en 24 heures) et 5379 dans les maisons de retraite et autres établissements médico-sociaux (239 de plus).
Pour le cinquième jour consécutif, le nombre de patients en réanimation a également baissé: 24 patients en moins depuis dimanche.
Le pays se situe dans "une phase de haut plateau" a indiqué lundi la Direction générale de le Santé dans un communiqué.
Le "solde des admissions en réanimation" est pour "le cinquième jour consécutif négatif de 24 patients", note encore la DGS.
Moment " de refondation" pour l'Europe
Emmanuel Macron a estimé lors de son allocution que la crise sanitaire devait être "un moment de vérité", "de refondation" pour l'Europe.
Dans les semaines à venir, "je tâcherai de porter en Europe notre voix afin d'avoir plus d'unité et de solidarité", a affirmé le chef de l'Etat.
"Les premières décisions ont été dans le bon sens et nous avons beaucoup poussé pour cela (...) Mais nous sommes à un moment de vérité qui impose plus d'ambition, plus d'audace, un moment de refondation", a-t-il poursuivi.
Annuler "massivement" la dette africaine
La France et l'Europe vont devoir aider leurs "voisins d'Afrique à lutter contre le virus plus efficacement, les aider aussi sur le plan économique en annulant massivement leur dette" a ajouté Emmanuel Macron.