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L'Autriche impose de nouvelles mesures pour accompagner le déconfinement

Déconfinement: comment s'organisent nos voisins ? Exermple avec l'Autriche.
Déconfinement: comment s'organisent nos voisins ? Exemple avec l'Autriche. / 19h30 / 2 min. / le 14 avril 2020
Pays précurseur dans sa réactivité à prendre des mesures préventives face au Covid-19, l’Autriche a lancé mardi son plan de déconfinement. Destiné à relancer l’économie, ce plan marque la première étape d’une stratégie qui s’accompagne d’une nouvelle mesure drastique: le port du masque obligatoire.

C’est un immense soulagement, considéré même comme une forme de résurrection par bon nombre d’Autrichiens. Un souffle et un horizon nouveau qui intervient au lendemain d’un long week-end pascal. Acheter un livre ou offrir des fleurs est à nouveau possible en Autriche, qui a rouvert mardi ses jardins publics et quinze mille petits commerces de moins de 400 mètres carrés à travers tout le pays.

Très prisés d’ordinaire en cette période printanière, les magasins de bricolage et de jardinage ont vu de longues files d’attente se constituer devant leurs portes. Sebastian Kurz, le jeune chancelier autrichien de 33 ans, avait dévoilé au pays le 6 avril dernier un plan de déconfinement progressif, avec une ambition claire: "sortir de la crise plus vite que les autres".

C’est chose faite, mais les conditions de ce plan de reprise, destiné à relancer l'économie, sont strictes. Le port du masque est obligatoire dans les transports publics, sous peine de s’exposer à une amende de 50 euros. Dans les commerces à nouveau autorisés, l’espace toléré pour chaque client ne doit pas être inférieur à 20 mètres carrés.

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L’Autriche, pays précurseur

L’Autriche a été un pays très réactif et même précurseur dans la gestion de cette pandémie. Il a été l’un des premiers à prendre des mesures très strictes, bien avant certains de ses voisins européens.

Sebastian Kurz peut aujourd’hui se targuer d’avoir "réagi plus rapidement et avec des mesures plus restrictives que les autres pays" et se prévaloir d’un bilan globalement satisfaisant. D'un système hospitalier à l’équilibre, venant même en aide à l’Italie voisine. Et d'un nombre de victimes officielles relativement faible en proportion à la population du pays (350 victimes sur quelque 8,8 millions d’habitants).

Mais le gouvernement reste prudent. Il prévient qu’il pourrait mettre à nouveau le "pied sur le frein" en cas de recrudescence de la pandémie. Les déplacements sont limités au strict nécessaire jusqu’à la fin du mois d’avril. Les écoles resteront fermées jusqu’à la mi-mai au moins et aucun événement public ne pourra avoir lieu avant le mois de juillet.

Après les petits commerces, c’est l’ensemble des magasins et salons de coiffures qui devraient rouvrir, début mai. Une seconde étape en principe suivie par la réouverture des hôtels et des restaurants, à partir du 15 mai.

Un jeune chancelier au sommet de sa popularité

Pour les commerçants autrichiens, ce redémarrage constitue un immense soulagement. "Ça fait un mois qu’on avait fermé, ça nous a coûté 200'000 euros. On ne pouvait pas tenir cette situation longtemps", se réjouit Marie-Béatrice Fröhlich, gérante d’un magasin de prêt-à-porter à Vienne.

Si l'opposition sociale-démocrate juge ce déconfinement prématuré et très risqué, l’Autriche peut se targuer, avec le Danemark qui rouvrira ses écoles et ses crèches dès mercredi, d'être l’un des pays européens à avoir le mieux maîtrisé la crise du Covid-19.

Le chancelier néo-conservateur exulte. Sa côte de popularité atteint des sommets, avec 75% d’opinions favorables. "L'Autriche s'en est jusqu'ici mieux tirée que beaucoup d'autres pays", se félicitait-il dans son message de Pâques à l’adresse de la nation, prononcé par précaution derrière une paroi en plexiglas.

Olivier Kohler/jop

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Il faut avancer prudemment, car on avance vers l'inconnu

Pour le professeur Jacques Fellay, chercheur en génétique et médecin infectiologue au CHUV interrogé dans Forum, l’Autriche a attendu le pic de l'épidémie avant de rouvrir partiellement ses commerces, et a eu raison. Cependant, seules les semaines à venir diront si c’était trop tôt après ce pic.

Ce qui est essentiel dans la stratégie mise en place en Autriche, c'est d'être patient, et d'avancer pas à pas, et de rester prudent. Avec ce virus, on ne peut pas constater directement les effets engendrés par la fin de certaines mesures. Il y a un délai de latence d'une semaine au minimum, voire deux ou trois semaines.

Il faut bien garder en tête, rappelle-t-il, que si on opère un déconfinement prématuré, le risque de retour rapide de mesures strictes est grand. En ce sens, il salue les mesures d'accompagnement prises en Autriche, avec l'obligation du port des masques. Mais cette solution n'est pas "la solution", précise-t-il, il peut en exister d'autres.