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Comment le coronavirus profite aux djihadistes de Boko Haram en Afrique

Certaines des lycéennes enlevées il y a six ans à Chibok au Nigéria sont toujours en captivité. [AFP - Kola Sulaimon]
RTSreligion - Quand le coronavirus profite à Boko Haram en Afrique / Chronique de RTSreligion / 2 min. / le 15 avril 2020
Il y a six ans, les lycéennes de Chibok au Nigeria étaient enlevées par Boko Haram. Alors que certaines sont toujours détenues, l'ONG Open Doors England souligne que le confinement lié au coronavirus profite au groupe djihadiste.

Le 14 avril 2014, 276 lycéennes de 12 à 17 ans avaient été enlevées par Boko Haram dans le nord-ouest du Nigeria. Si certaines ont réussi à s’échapper, et si d’autres ont été libérées après des négociations avec le gouvernement, plus d’une centaine sont toujours captives.

Et le groupe n’a jamais cessé de kidnapper des filles ou des jeunes femmes, comme par exemple en 2018 quand une centaine d’écolières ont été enlevées à Dapchi, dans le nord-est du pays.

Aujourd’hui, "il existe déjà des preuves que les djihadistes de Boko Haram utilisent les restrictions liées au coronavirus pour cibler celles qui restent chez elles pour en arrêter la propagation", dénonce Open Doors England (Portes ouvertes Angleterre) sur son site.

Utilisées comme esclaves

Si le groupe islamiste cible les lycéennes et les jeunes filles, c'est premièrement parce qu'il est contre toute éducation jugée trop occidentale - d’où ses attaques contre des lycées ou des écoles.

Mais les filles servent aussi d’esclaves sexuelles, ou d’esclaves tout court en assurant les corvées de cuisine ou de lessive. Une troisième raison est d'ordre religieux: les jeunes chrétiennes sont contraintes de renier leur foi et d’embrasser l’islam. Car Boko Haram a pour objectif l’islamisation du pays, voire de la région tout entière, puisqu’il sévit aussi au Tchad, au Niger et au Cameroun.

L'une de ces jeunes filles aujourd'hui libérée témoigne dans un article publié mardi par Portes Ouvertes Angleterre: "Chaque jour après le retour de leurs attaques, ils nous battaient, ils nous violaient. Tout mon corps était recouvert de plaies et je suis devenue très maigre parce qu’ils ne nous donnaient pas assez de nourriture. Ils nous ont dit de dénoncer le Christ et de devenir musulmanes si nous voulions être plus libres dans le camp".

Nouveaux enlèvements à prévoir

Il est difficile encore de dire si le mouvement djihadiste prend de l’ampleur. Aucun chiffre n’est disponible sur le nombre de combattants, qui par ailleurs ne cessent de se déplacer.

Fin mars, l’armée tchadienne a lancé une grande offensive et les djihadistes ont alors migré vers le Nigeria, le Niger ou le Cameroun. "Ce qui signifie que l’on peut craindre désormais une multiplication d’attaques contre des civils dans de nouvelles zones, et autant de nouveaux enlèvements de jeunes filles", commente l'un des membres d'Open Doors, Illia Djadi.

Gabrielle Desarzens/RTSreligion/oang

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